[Augen's House] I aint got nothing left to give. Nothing to lose.

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So come on Love, draw your swords.
Shoot me to the ground.
You are mine, I am yours.
Lets not fuck around.
Cause you are, the only one.

Moira venait de débaucher et pensait faire un tour au Whisky Club, pas pour y boire mais pour voir si Allen y serait. Quand on avait pas de téléphone portable il était en effet compliqué de se fixer des rendez-vous, mais Moira aimait ce mode de vie et préférait la spontanéité des rencontres fortuites. Allen n'y était pas, pas grave elle la retrouverait sûrement plus tard, ou le lendemain, et puis rien ne l'empêchait de faire un détour par le motel pour l'y voir. Mais un client au comptoir attira son attention. John, son père, était accoudé au bar, passablement éméché et en vive conversation avec le barman. Un coup d'œil à celui-ci l'assura qu'il gérait la situation. Encore une petite habitude dans la vie de la jeune Augen. Quand son père décidait de se soûler au bar plutôt qu'à la maison, il y avait toujours un employé ou un client pour le ramener à bon port une fois qu'il ne pouvait plus mettre un pied devant l'autre. Son cœur ne se serra pas plus violement que d'habitude, finalement c'était plutôt la lancinante tristesse d'être blasée devant un tel spectacle qui l'envahissait. Elle allait devoir se changer les idées si elle ne voulait pas ruminer toute la soirée.

Elle passa donc pas le vieux vidéo club de la ville pour récupérer quelques-uns de ses films préférés. Maintenant elle espérait simplement que Moses ne serait pas de sortie et pourrait lui tenir compagnie. Soulagement donc quand elle vit la mini de son colocataire devant la maison. Elle riait toujours en voyant cette petite voiture tellement féminine et en visualisant Moses au volant, bien sûr elle ne lui disait pas et ne se moquait jamais ouvertement de sa "milady" devant lui, elle tenait bien trop à la vie pour ça. « Moses ? » Elle avait à peine claquer la porte qu'un énorme bruit retentit à l'étage. Elle grimpa les marches en vitesse, jetant un regard dans toutes les pièces elle déboula dans la salle de bain et se figea devant le spectacle qui s'offrait à elle. Moses les deux pieds dans la baignoire, un bout de tuyaux dans la main, une ceinture d'outils autour de la taille et trempé de la tête aux pieds. Elle ne pu s'empêcher d'éclater de rire. « Une serviette ? » Proposa-t-elle en lui en tendant une sans cesser de rire. « Tu sais qu'on t'a embauché pour réparer des trucs, pas tout casser ! »

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La journée s'était révélée bien morose. Il n'y avait plus grand chose à faire chez les Augen. Voilà quelques semaines que le jeune Cavanaugh avait emménagé, et il avait ainsi réparer la plupart des choses appartenant au père et à la fille. Moira travaillait encore à cette heure-là et elle ne rentrerait que dans une heure ou deux. Il y a une heure plus tôt, le père Augen s'était faufilé à l'extérieur de la maison, pensant que Moses ne l'avait pas vu. Que nenni. Moses se proposa ainsi de l'emmener en ville, préférant savoir qu'il était entre de bonnes mains plutôt qu'à faire du stop alcoolisé, sur le bord de la route. Sur le chemin retour, Moses fit signe à quelques personnes qu'il connaissait de vue. Cela faisait peu de temps qu'il était à Santa Rosa, mais il se sentait comme chez lui. Ce sentiment était grandement dû à la famille Augen qui l'avait accueilli en contrepartie de petits travaux. Moses occupait actuellement le canapé, et tentait désespérément d'arrêter de penser à la jeune Moira. Un vrai bout de femme, celle-là. Elle réussissait à lui faire oublier tous ses soucis en un sourire.

Le temps était sec, et Moses n'avait pas eu l'occasion d'utiliser la douche aujourd'hui. Il décida alors de monter à l'étage pour se faire un brin de toilette, profitant que la salle de bain soit libre. Ce n'est que lorsqu'il ouvrit le robinet de la baignoire-douche, qu'il observa une légère fuite. Oh, enfin, quelque chose a réparé. Il alla au garage chercher des outils, et fila ensuite se battre contre la fuite. Ce n'était pas un professionnel, mais il savait se débrouiller honorablement. Le robinet prit un coup léger mais rapide, et lorsque Moses fut distrait car il avait entendu Moira, celui-ci décida de lui exploser en pleine tête. Moses eut pile le temps de se protéger et d'attraper le tuyau qui tomba. Moira l'honora de sa présence, tout en se moquant royalement du jeune Cavanaugh. « Tu sais qu'on t'a embauché pour réparer des trucs, pas tout casser ! » Moses secoua ses cheveux trempés et décolla son tshirt blanc de son torse. Il l'agrémenta d'un sourire cynique et soupira. « Il faut bien casser quelques tuyaux dans cette maison, si tu veux que je reste plus longtemps. » Le jeune homme mordit sa lèvre, et enfonça le tuyau là où il était supposé être. Okay, ce n'était pas l'homme de la situation. Il serra l'écrou de toutes ses forces, et tourna la tête vers Moira qui l'observait attentivement. « J'ai le mérite de t'avoir fait rire au moins. » Moses tenta de sortir de la baignoire, mais manqua de s'étaler par terre. De ce fait, il se rattrapa sur les épaules de la jeune Augen, et usa d'un sourire gêné. « Désolé .. » Pourtant, il resta quelques secondes sans bouger, la fixant. Ce qu'elle pouvait être belle. Puis soudainement, il se rendit compte de ce qu'il faisait, et racla sa gorge, et prit la clé à molettes pour la mettre dans la boîte à outils près de la baignoire. Il tourna la tête vers elle à nouveau, et tenta de lui faire un compliment. « Tu as fait quelque chose à tes cheveux ? Je te trouve ravissante aujourd'hui. » D'accord c'était un peu "lame" comme on dirait mais Moses n'avait pas flirté depuis une éternité. Un an et demi exactement. Il essayait juste de se montrer agréable.

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Si on avait demandé à Moira de définir sa relation avec Moses elle n'aurait su répondre. Il avait déboulé dans sa vie sans qu'elle ne l'est vraiment prévu et surtout, il y était resté. Et c'était quelque chose d'assez rare pour être soulevé. Moira avait l'habitude de voir les gens arriver et repartir avant d'avoir pu nouer une quelconque relation avec eux. Elle s'y était habituée au fil des années, elle avait même vu certains de ses proches prendre la route, mais à de très rares occasions elle voyait certains rester un peu dans les environs, ou alors y revenir régulièrement. C'était si peu commun qu'elle avait appris à chérir le temps qui lui était donné à passer avec ces personnes. Et c'est ce qu'elle faisait avec Moses, appréciant les moments passés avec lui comme s'ils étaient les derniers. Parce qu'il finirait aussi par s'en aller – comme tous les autres – et qu'alors elle ne pourrait plus croiser son regard ou rougir devant son sourire. En parlant de rougir elle dissimula difficilement son trouble après le compliment de Moses et préféra fixer le sol que soutenir son regard, elle recula d'un pas. « Je vais aller couper l'eau, on ne sait jamais. » Non pas qu'elle remettait en doute les compétences de Moses mais elle aurait trouvé n'importe quel prétexte pour quitter la pièce et fuir le regard de son ami – parce que oui avec le temps elle avait appris à le considérer comme tel. Elle se retrouva à l'extérieur et pris une bonne bouffée d'air frais en allant couper l'arrivée d'eau. Elle la relancerait quand elle serait sûre que le tuyau ne lui explose pas en pleine face à sa prochaine douche. Faisant le tour de la maison pour reprendre ses esprits – oui il en fallait peu pour perturber la jeune femme, mais pour sa défense vous n'aviez pas vu Moses le corps moulé d'un t-shirt détrempé – avant de retourner dans le salon. Elle lâcha un cri de surprise en percutant presque de plein fouet le dit-garçon cette fois-ci complètement torse nu. « Bordel, on t'a jamais appris à t'habiller ? Tu fais une allergie au coton ou quoi ? Ou alors tu aimes te balader à moitié à poil à longueur de journée ? » L'agressivité, preuve du malaise de la jeune femme puisque d'ordinaire elle était plutôt la douceur incarnée. Elle se recula d'un pas et ne put malheureusement pas s'empêcher de détailler le physique – plus qu'avantageux – de son colocataire. Un bon raclement de gorge pour se redonner contenance et elle désigna la table du salon sur laquelle trônait une pile de DVD. « J'ai loué des films. Je ne sais pas ce que tu avais prévu pour ce soir, mais si ça te tente… » Elle évita bien de préciser que ce n'était que des films d'horreur, genre que le jeune homme détestait au plus haut point mais dont Moira, elle, se délectait. En fait, sans vraiment se l'avouer, c'était finalement un petit test pour savoir s'il serait d'endurer cette épreuve pour passer la soirée avec elle. Oui, inconsciemment c'est aussi ça qui devait avoir motivé le choix de la jeune femme. Elle posa de nouveau un regard insistant sur son torse nu pour lui faire comprendre de passer un t-shirt ou une chemise et se dirigea vers la cuisine. Elle revint avec une boîte en carton et deux bouteilles qu'elle posa sur la table. Non, il n'avait toujours pas dit qu'il passait la soirée ici, mais si ça pouvait aider à lui forcer la main, elle était prête à tout. « Pizza froide, bières et films de zombies. Tu ne trouveras pas meilleur programme ailleurs je te le garantis ! »

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« Je vais aller couper l'eau, on ne sait jamais. » Il hocha la tête tel un zombie. Il était obnubilé par une pensée: peut-être que c'était vrai, que tout ça - cette relation qui existait entre Moira et Moses - n'allait pas se finir en drame, Moira n'allait pas mourir dans ses bras. Peut-être qu'il devait s'autoriser à s'ouvrir à elle, peut-être qu'il pourrait même être heureux avec elle. Alors que tel un mollusque, il était descendu dans le salon, et que machinalement, il avait enlever son tshirt pour en changer, Moira le surprit, lui hurlant dessus. Il sursauta et fronça les sourcils un instant. Que lui valait tant d'agressivité ? « Bordel, on t'a jamais appris à t'habiller ? Tu fais une allergie au coton ou quoi ? Ou alors tu aimes te balader à moitié à poil à longueur de journée ? » Il n'aimait pas qu'on prenne ce ton là avec lui et il le lui prouvait bien en restant torse nu quelques minutes de plus. « J'ai loué des films. Je ne sais pas ce que tu avais prévu pour ce soir, mais si ça te tente… » Il l'observa, alors qu'elle grommelait. Puis trouvant son regard insistant mignon, il enfila une chemise. Non, il ne faisait rien ce soir. Il hocha la tête comme un bon petit soldat emmuré dans le silence. Un bon film lui ferait du bien. « Pizza froide, bières et films de zombies. Tu ne trouveras pas meilleur programme ailleurs je te le garantis ! » Il s'étouffa, et commença à sentir des sueurs froides dans son dos. Des films de zombie, mh, très peu pour lui. Il allait cauchemarder pendant deux ans. C'est pour dire: la dernière fois qu'il avait vu un épisode de Buffy, il s'était réveillé en sueurs tous les jours pendant six mois. Son rêve ? Des centaines de vampires venaient lui sucer le sang. Il racla sa gorge, et osa un sourire gêné, avant de faire comme si de rien n'était. « Mh, ouais. Parfait. Zombies, bières, pizza. Super. »

Il avait oublié qu'il lui avait mentionné sa peur inconditionnelle des films d'horreur. Mais bon, apparemment la mode était d'affronter ses peurs les plus folles. Moses n'avait aucune envie de suivre cette mode. Mais il n'osait pas avouer à Moira cette peur irrationnelle. Il pouvait bien faire un effort pour elle. Il s'installa sur le canapé, alors qu'elle posait les mets sur la table basse. Moses se saisit de la boîte de dvd. Qui était l'inventeur de ces films stupides ? Des zombies dégoulinaient de partout, tentant de manger les cerveaux des gens. Miam. Moses n'avait jamais osé demander si ces créatures existaient vraiment. Il était vraiment crédule dans certaines situations. Il leva la tête vers Moira, qui lui servait une part de pizza. « Mh, merci. Le film a l'air bien. » Il affichait un sourire coincé. Du genre il avait quelque chose dans les fesses, bien coincé. Il croqua dans la part de pizza offerte, et profita pour demander le résumé de sa journée à Moira. « Tu as passé une bonne journée ? »

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L'enthousiasme n'était pas à son comble, mais le simple fait qu'il prétende apprécier la perspective de cette soirée à regarder des films d'horreur avec elle lui mit du baume au cœur et elle ne pu réprimer plus longtemps le sourire tendre qui vint éclater aux coins de ses lèvres. Elle l'attrapa donc par le bras pour l'entraîner vers le canapé dans lequel tous deux s'affalèrent. Elle se pencha pour attraper deux parts de pizza et en tendit une à Moses. Il semblait déjà bien tendu. D'ailleurs il tenta d'engager une conversation mais Moira lui adressa son plus beau sourire. « N'essaie pas de repousser l'échéance ! On va se regarder le film, et ensuite on pourra parler de ma journée pour te faire oublier les horreurs que tu auras vues. Deal ? » Mais elle ne le laissa même pas accepter ou non le marché et alla lancer le film avant de venir de srassoir, à une distance convenable de Moses. Elle connaissait le film par cœur, un de ses préférés. La Nuit des morts vivants, Romero, un classique. Il avait beau avoir plus de quarante ans, il n'avait pas pris une ride et foutait toujours autant la frousse. Moira n'était pas insensible devant les films d'horreur mais c'était justement ce qu'elle adorait, avoir peur. Cette sensation d'effroi qu'elle ressentait, cette terreur qui l'habitait quelques jours durant dès qu'elle éteignait les lumières. Peut-être était-ce un substitut au frisson qu'elle aurait aimé éprouver en partant sur les routes. Toujours est-il qu'elle était hypnotisée par le film. En cinéphile avertie, Moira était de ceux qui déteste parler pendant une projection, plongée dans le film elle ne supporte pas les personnes qui ne cessent de faire des commentaires sur tout et n'importe quoi. Heureusement Moses la connaissait assez pour savoir qu'il ne fallait pas qu'il ouvre la bouche pour autre chose qu'y enfourner pizza ou bière. Un silence lourd et pesant s'installa donc à mesure que le film avançait, les deux comparses étaient aussi crispés l'un que l'autre, la scène était drôle à voir. Alors qu'un zombie surgissait encore à l'écran, Moira sursauta violement et eut le réflexe de venir se blottir dans les bras de Moses. Elle se rendit bien vite compte de cette nouvelle proximité mais décida de ne pas s'éloigner. S'il voulait la repousser il le ferait. En attendait elle resta recroquevillé contre lui, toujours le regard rivé à l'écran, n'osant plus faire un seul mouvement. Elle espérait simplement que son père ne rentrerait pas à ce moment là. « Tu trembles. » Remarqua la jeune femme, faisant ainsi entorse à sa règle sacré du "on ne parle pas tant que le générique n'est pas terminé". Elle détacha son regard de l'écran pour croisé celui du jeune homme et lui adressa un sourire qui étrangement n'était pas moqueur mais plutôt complice.

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« N'essaie pas de repousser l'échéance ! On va se regarder le film, et ensuite on pourra parler de ma journée pour te faire oublier les horreurs que tu auras vues. Deal ? » Il n'eut pas le temps de protester. Elle enclencha le bouton play et la séance de torture commençait. Au bout d'une minute de film, Moses se sentit nauséeux. La situation empira lorsque les zombies commencèrent à déchiqueter les gens. Son coeur battait à cent à l'heure, sa respiration était de ce fait accéléré, et des gouttes de sueur coulaient dans son dos. Essayant de ne pas faire sa mauviette, il guettait les réactions de Moira pour essayer de s'adapter à ce film dégoûtant. Moses manquait d'adjectifs pour décrire cet horreur. Cependant, même s'il fermait les yeux dès qu'il apercevait une goutte d'hémoglobine, il fallait avouer que ce film ancien était bien réalisé. Il en appréciait la technique de cadrage et non le contenu. Le contenu l'effrayait. Ca y était. Pendant quelques mois, il allait rêvé de zombies dévoreurs de cervelles. Lorsque Moira sursauta, il eut envie de crier comme une fillette et de s'enfuir en courant se cacher sous un lit, dans un placard, quelque part où les zombies ne l'attraperaient pas. Mais le fait que Moira se jeta - partiellement - dans ses bras, le calma un instant. Ses réflexes physiologiques, eux, étaient en alerte maximale. Son pied droit s'agitait comme s'il était prêt à partir en courant. « Tu trembles. » Moses se mit à rougir. C'est bon, son petit plan du "je suis courageux" ne marchait pas avec elle. Il eut un large sourire gêné, et tourna la tête vers elle. Il était comme si fragile à ce moment là. Littéralement sur le point de fondre en larmes, tellement il avait peur.

« Oui, j'ai .. froid. » Oh, l'excuse bidon du mois. Si Moira n'explosait pas de rire à ce moment là, c'était qu'elle n'avait pas compris la blague. Lui même avait envie de se rire au nez. Il était un peu bidon comme mec, au fond. Quel mec qui se respecte avait peur de deux zombies et trois cervelles ? C'était peut être le fait que la mort était parsemé dans ces films dégoûtants. Et que lui même avait vécu une expérience traumatisante. Dont Moira ne connaissait pas l'existence d'ailleurs. Il ne se sentait pas encore assez proche d'elle pour lui confier ce qu'il avait vécu. Et pourtant, il lui portait une grande affection, qui chaque jour, s'étoffait, s'ouvrait comme un tournesol s'ouvre au soleil. Moses utilisait le mot "affection" car finalement il ne savait pas ce qu'il ressentait vraiment pour elle. Il se questionnait chaque jour. Qu'étaient ce ces frissons qui étaient apparus lorsqu'elle avait touché sa peau ? Il tentait de se ressaisir, de sortir de cette tourmente de non-dits. Il tourna la tête vers la jeune femme et tira la couverture sur elle. Puis il tourna la tête pour remettre le film en play. « Si tu veux me voir pleurer, autant regarder jusqu'à la fin ! » Autant rire de sa trouille phénoménale. Il lui offrit un sourire complice, et le temps d'un instant, s'abandonna à envelopper ses épaules de son bras.

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Moira savait qu'elle n'était pas la fille dont tous les garçons rêvaient. Un brin naïve, pas coquette pour un sou, sans doute un peu trop prudente et clairement pas la fille la plus distinguée du pays – ce qui ne voulait pas dire qu'elle était vulgaire – la jeune femme manquait parfois de confiance en elle. Elle ne cherchait pas à se comparer aux autres, mais quand elle était amenée à croiser ces magnifiques femmes qui prenaient la route sur un coup de tête et parcouraient les Etats-Unis cheveux au vent, elle éprouvait parfois une pointe de jalousie. Pourtant, quand elle était avec Moses elle avait l'impression qu'il la regardait comme peu d'hommes l'avaient regardée et ce sentiment avait le don de la mettre dans tous ses états. Elle laissa échapper un petit rire quand il chercha à justifier ses tremblements mais s'interdit toute remarque supplémentaire. Elle commençait à s'en vouloir de lui faire subir cette soirée. Elle n'était pas du genre à prendre plaisir dans la souffrance d'autrui, et le mal-être de Moses était si palpable qu'il en devenait contagieux. « Si tu veux me voir pleurer, autant regarder jusqu'à la fin ! » Elle ne le souhaitait pas. Et elle avait le sentiment qu'une douleur plus profonde se réveillait en Moses, une blessure ancienne dont il ne voulait pas parler mais qui était bien là. Moira avait toujours eu un sixième sens avec les gens, elle arrivait très vite à les cerner et lire en eux, mais Moses gardait une part d'ombre qui lui échappait totalement. Elle se pencha pour reprendre la télécommande et arrêta définitivement le film. « Je le connais par cœur. » Se justifia-t-elle en reprenant place contre lui, cette fois-ci de manière totalement volontaire. Elle fixa l'écran désormais éteint, triturant l'étiquette de sa bière à peine entamée. « Je suis désolée, je voulais pas te faire subir ça… Promis la prochaine fois tu choisis le film ! » Parce que oui, elle espérait bien qu'il y en aurait une, de prochaine fois. Elle sentait les doigts de Moses frôler son épaule nue et elle frissonna de plus belle, essayant de garder une certaine contenance en avalant d'une traite la moitié de sa bière, ce qui était une très mauvaise idée quand on avait mangé qu'une seule part de pizza de toute la journée et qu'on tenait déjà mal l'alcool en temps normal. Elle s'empressa donc d'attraper une autre part et en profita pour quitter le canapé, s'installant en tailleur sur la table basse pour faire face à Moses. « Tu voulais savoir comment s'était passée ma journée ? Rien d'extraordinaire. On était en rupture de stock de boissons énergétiques donc j'ai du gérer des lourdaux pas très agréables. Sinon j'ai eu quelques pourboires par des types qui devaient s'attendre à ce que je les remercie en nature… » Elle haussa les épaules, une journée ordinaire en soit. Elle rêvait de plus en plus de tout envoyer balader. Mais elle se sortit cette idée de la tête en reportant son attention sur Moses. « Et toi, quoi de beau ? A part péter ma douche et te balader nu ? » Sourit-elle avec amusement en se remémorant la scène de la salle de bain.

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« Je le connais par cœur. » Il haussa les épaules, comme s'il s'en foutait. Alors qu'elle venait juste d'éteindre sa torture et que finalement, Moses s'était détendu en quelques secondes. Fini les sueurs froides, les zombies étaient emprisonnés dans la télévision. Enfin, jusqu'à ce soir. « Je suis désolée, je voulais pas te faire subir ça… Promis la prochaine fois tu choisis le film ! » Alors qu'inconsciemment, il caressait son épaule, Moira sauta sur la table basse, chopant au passage une part de pizza. Il haussa à nouveau les épaules, et eut un sourire gêné, une fois de plus. « Oh, tu sais, si je continue à regarder ce genre de films, je pourrais m'habituer. » Il racla sa gorge, et murmura pour lui même. « Ou pas. » Il écouta attentivement la jeune femme raconter sa journée. « Tu voulais savoir comment s'était passée ma journée ? Rien d'extraordinaire. On était en rupture de stock de boissons énergétiques donc j'ai du gérer des lourdaux pas très agréables. Sinon j'ai eu quelques pourboires par des types qui devaient s'attendre à ce que je les remercie en nature… » Mh, bien plus intéressante que sa journée à lui. Elle s'empressa de se moquer de lui par la suite, en ressassant l'épisode de la salle de bain. « Et toi, quoi de beau ? A part péter ma douche et te balader nu ? » Il cacha son sourire, prétendant de se gratter les cheveux. Quoi de plus divertissant que de se faire arroser ?

Moses la toisa du regard un instant, et alors qu'elle croquait dans sa part de pizza, il l'écrasa sur son visage. La scène qui suivit fut des plus drôles: Moira resta choqué un instant - Moses rigolant comme un petit fou - avant de rigoler à son tour. D'accord, Moses venait de prouver son âge mental: 3 ans. Mais il ne pouvait s'empêcher de pouffer de rire. Il saisit une serviette en papier, et commença à nettoyer les dégâts qu'il venait de faire. « Désolé, je n'ai pas pu m'empêcher. » Il exprimait une sorte de réserve, mais n'arrivait pas à contrôler son rire. Il posa son doigt sur le visage de la belle Moira, et se réserva un peu de sauce tomate. Par la suite, il lécha son doigt, avant d'ajouter, un air malicieux planté sur son visage mi-homme, mi-enfant. « Au moins, tu as bon goût. »

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La stupéfaction fut visible sur le visage de la jeune femme alors que Moses riait comme un enfant. Elle ne s'était pas attendue à un tel geste. Peut-être parce qu'elle avait du grandir si vite quand sa mère était décédé, qu'elle n'avait jamais réellement profité de son enfance, et que de tels jeux lui étaient inconnus. Sur le moment offusqué elle ne tarda pas à rejoindre Moses d'un éclat de rire alors qu'il tentait comme il pouvait de réparer les dégâts. « Au moins, tu as bon goût. » Elle lui tira ostensiblement la langue dans un réflexe enfantin qui lui était encore étranger. Elle était finalement presque heureuse que son père ne soit pas présent. C'était comme si elle pouvait enfin se permettre d'être elle-même, de se comporte comme une jeune femme de vingt-deux ans et se laisser aller à un moment de pure insouciance. Elle riait comme elle n'avait pas rit depuis des années, les larmes aux yeux, le visage toujours couvert de tomate. Elle fixait Moses, une lueur de défi flottant dans le regard. « J'espère que tu en as bien profité ! Je vais me faire un brin de toilette tu permets ! » Sourit-elle en s'éclipsant vers la cuisine. Elle avait toujours été joueuse, et surtout elle ne supportait pas l'idée que Moses s'en tire à si bon compte. Elle n'était peut-être pas du genre revanchard mais là c'était surtout pour s'amuser, et rendre à son colocataire la monnaie de sa pièce. Après tout il l'avait bien cherché. Elle se nettoya rapidement le visage et planifia le coup à venir. Elle ne s'attarda pas trop pour ne pas éveiller les soupçons de Moses, il ne fallait pas qu'il la rejoigne, c'était à elle de le surprendre. Aussitôt se faufila-t-elle de nouveau au salon, les mains dans le dos dissimulant l'arme de la prochaine attaque. Elle se fit si discrète que Moses ne nota même pas sa présence derrière lui et elle pu impunément verser le contenu du pot de crème glacé sur la tête de son ami. « Il parait que la vengeance est un plat qui se mange froid ! Bon appétit ! » Déclara-t-elle théâtralement, fière d'elle, un sourire conquérant vissé sur les lèvres. Elle se foutait de salir le canapé et le tapis, après tout c'était elle qui se chargeait toujours du ménage donc elle pouvait se permettre de faire ce qu'elle voulait. Elle se laissa tomber à côté de Moses et se pencha pour effleurer sa joue de ses lèvres, attrapant une larme de glace qui coulait le long de sa tempe. « Tu n'as pas mauvais goût non plus. » Rit-elle franchement en l'observant, couvert de crème, les cheveux englué et le visage dégoulinant.

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