CANDIDATE NO. #1 - HARRIET

Harriet fut la première fille que ma mère me présenta, deux semaines après avoir décider qu'il était plus que temps pour moi de me marier. En fait, je connaissais déjà Harriet. C'était la fille des voisins, celle dont on se moquait au lycée à cause de la salopette en jean qu'elle portait en permanence. Jambe nue l'été. Avec des collants en laine vert forêt l'hiver. Et si elle s'était peut être un peu arrangée avec le temps (les mots essentiels dans cette phrase étant "peut être" et "un peu"), elle n'en restait pas moins Harriet. La fille en salopette des voisins.
Sur les conseils douteux de ma maternelle, je l'avais tout de même emmenée voir une comédie musicale. C'était le première fois qu'Harriet voyait Londres, ce qui peut paraitre étrange lorsque l'on sait que Windsor n'est qu'à quelques kilomètres de Londres. Mais encore une fois, il est primordial de prendre en considération le fait qu'il s'agissait d'Harriet. Après vingt minutes de torture, je me suis finalement éclipsé cinq minutes pour aller aux toilettes. Et n'en suis jamais revenu.
D'après ma mère, Harriet est toujours en dépression. J'étais son premier "grand amour" (et c'est d'ailleurs cette partie de l'histoire qui est la plus désolante).

CANDIDATE NO. #2 - MAGGIE

Après l'échec cuisant de mes retrouvailles avec la fille en salopette, ma mère crut bon de me trouver une personne plus accoutumée à la ville et aux relations amoureuses. Maggie avait vingt huit ans, un chat prénommé Stanley en hommage à Marlon Brando, et habitait Londres. Elle était serveuse dans un salon de thé, ce qui, aux yeux de ma maternelle, bien moins dégradant qu'être serveuse dans une café. Mais n'y prêtez guerre attention, il s'agit d'un truc d’anglais.
Je suis sortie avec Maggie deux soirs de suite. Elle était intelligente, drôle, et pas trop désagréable à regarder (ce qui est largement suffisant quand on cherche une épouse). Autant dire, rien à voir avec Harriet. Pendant un instant, j'ai même cru que ma mère avait eu raison de me la présenter. Je nous ai imaginé vivre ensemble dans un appartement de standing, Maggie, Stanley et moi. Elle m'aurait fait la cuisine et aurait rapporté de l'argent à la maison pendant que j'écrirais. Ou que j'essayerais d'écrire. J'aurais du me douter que quelque chose clochait. Si Maggie avait vraiment été la bonne, elle aurait certainement du être ma source d'inspiration, ma muse...
Le troisième soir, quand elle m'a invité chez elle pour boire une dernier verre, j'ai finalement compris ce qui n'allait pas. Maggie, la douce et gentille Maggie, était en fait une dominatrice refoulée qui obligeait les hommes à prendre une petite voix appeurée et à l'appeler Margaret pendant le sexe.
Bizarrement, je ne l'ai jamais rappelée.

HORS COMPÉTITION - SARAH

Sarah était le premier succès de la longue liste de mariage que l'on devait à ma mère. Elle avait épousé mon frère ainé Philippe, le plus intelligent des quatre, en juillet 1996, un an à peine après leur première rencontre. Elle était la preuve que toutes les femmes que ma mère trouvait charmante n'était pas des folles furieuses (mis à part Harriet, Maggie et Elizabeth).

- Pourquoi n'as tu pas continué de fréquenter cette... "Margaret" ? Elle avait l'air gentille, m'avait elle dit un jour où elle était venue ranger mon appartement, Philippe étant en conférence à Bath pour le week-end.
- Cette fille a appelé son chat Stanley. C'est bizarre.
- Tu as appelé ton chien Bob...
- Et tu vois où tout ça nous a mené. Il est parti vivre chez la voisine. C'est bien la preuve qu'il ne faut jamais donné un prénom humain à son animal de compagnie. Ils se croient tout permis après ça.
- Tu es un looser, Théo.
- Oh, s'il te plait Sarah, dis moi plutôt quelque chose que je ne saches pas déjà.

CANDIDATE NO. #3 - VALENTINE

La rousse Valentine était certainement la meilleure candidate des trois. Elle était normale, quoi qu'un peu plus jolie que la moyenne, sans vices cachés, sans chat et sans salopette. Valentine portait des jupes crayons et travaillait comme secrétaire de direction dans une petite maison d'édition. Elle était la fille parfaite pour moi. Les gens aimaient presque autant Valentine qu'ils me trouvaient grossier, ce qui est une manière comme une autre de dire qu'ils l'adoraient. Enfin, elle faisait de délicieux petits cupcake au chocolat et c'est certainement ce qui me poussa à la demander en mariage, trois mois après que ma mère nous ait présenté.
Notre vie aurait pu être merveilleuse dans sa banalité. Mais je l'ai plaqué. devant l'autel. Une bien triste histoire que j'adore raconter devant une tasse de thé très sucré (ou un whisky sans glace).

RENCONTRE FORTUITE NO. #1 - DAISY

Daisy avait vingt et un ans, moi trente six. Notre histoire se résume à peu près à ceci : trente secondes d’auto dérision dans un ascenseur, un baiser volé, une pauvre fille plaquée devant l'autel et neuf heures de vol jusqu'à Chicago.

- Je m'appelle Daisy. Et toi ?
- Hum... Théodore. Enfin Théo.
- Tu es marié ?
- Bientôt.
- C'est ta mère qui a choisit ta femme ?
- Pardon ?
- Non rien. Je trouve seulement que tu as la tête d'un gars qui laisse sa mère choisir sa future femme. C'est très anglais, ça. Les mariages arrangés, le thé, les maisons victoriennes. C'est votre truc, tout ça, non ?
- J'imagine...
- Moi je viens de Chicago. Je suis étudiante en droit, mais c'est un peu ennuyeux. Tu fais quoi comme boulot ?
- Je suis écrivain. Enfin j'essaye.
- Et qu'est-ce que tu as écris récemment ?
- Tout dépend ce que tu appelles récemment. Je suis plus ou moins dans une mauvaise période. Depuis cinq ans. mais ça va passer.
- Peut être que tu as juste besoin de changer d'air. Tu pourrais passer me voir chez moi, à Chicago, un de ces jours.
- Quand ça ?
- Quand tu veux.

Deux jours plus tard, alors que la rousse Valentine pleurait toutes les larmes de son corps dans les toilettes de la demeure familiale, après avoir soigneusement mis en miettes le moindre centimètre carré de ma chambre d'adolescent, j'étais dans l'avion. Le pilote annonçait notre descente vers Chicago lorsque je me suis rendue compte que je ne connaissais pas l'adresse de Daisy.

Je vous avais dit que c'était une histoire amusante.

Jude Law dire que je ne jouais des personnages masculins qu'avec lui il y a un an
bienvenue sur le forum