I looked at you, you looked me ◮ billy & travis

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I looked at you, you looked me ◮ billy & travis Bfyth_th

I looked at you, you looked me
I smiled at you, you smiled at me
billy & travis
deux mois auparavant

Foutue journée. Foutue soirée. L'Arizona a le don de me mettre les nerfs en pelote sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. C'est vrai quoi, je suis dans cet état bizarre sans aucune raison et ça ne me va pas du tout. C'est peut-être que je n'aime pas l'Arizona ? Oui, c'est sans doute ça. Ah, ça va déjà mieux. Moi, penser que j'ai le cafard, ça le renforce. Alors qu'au contraire, imaginer que tout va bien, ça finit toujours par m'en persuader. J'ai retrouvé le sourire et suis prête à reprendre la route. Il suffirait d'une voiture et pouf, je me retrouverai ailleurs et ça m'éviterait de perdre ma soirée. Sauf que c'est désert et qu'en vingt minutes, je n'ai pas vu passé une seule voiture. Je devrais sérieusement songer à m'en procurer une, je crois, ça me faciliterait la vie. Enfin, je commence à avoir faim, ça ne sert pas à grand-chose de rester là et puis en plus, il faut que je trouve -enfin que je me procure- de quoi me payer une chambre dans un motel pourri parce que bon, je ne suis pas une sdf non plus. L'idée la plus intelligente qui me vienne à l'esprit, c'est d'aller me trainer dans un diner où avec un peu de chance, je trouverai quelqu'un pour payer mon repas -volontairement ou non- au pire, je peux toujours m'enfuir sans payer l'addition. Eh oui, je suis un ange, encore un peu et on verra mon auréole.

Comme d'habitude, le diner est plutôt miteux et assez vide. Quelques personnes : un couple, un motard, deux potes, et un type seul, au comptoir. La personne idéale pour ce soir. Je m'assois sur le tabouret à côté de lui et commande un whisky-cola parce qu'à bien y penser, j'ai pas très faim. Je le détaille sans en être gênée. Il est mignon, avec son sourire charmeur et ses grands yeux bleus mais il a un air triste qui m'horrifie. Il a sans doute dû en voir de toutes les couleurs et je n'aime pas ça. Les gens souffrent constamment, c'est comme ça, je souffre constamment, comme tout le monde, mais ça ne veut pas dire que j'aime ça. Je m'y suis habituée mais son cœur semble contenir un tel désespoir que ça me rend triste. Merde alors, me voilà en train d'éprouver de la pitié pour un inconnu. C'est sans doute une des premières fois que ça m'arrive, d'habitude j'arrive toujours à l'éviter, à me sentir assez indifférente et déconnectée. Le gars me regarde. Il a pas l'air du genre de types à s'offusquer d'un coup d'un soir. « Tu veux jouer à un jeu ? » je lance comme ça, sans me préoccuper de ce qu'il pourrait penser d'une fille bizarre qui se nourrit d'un whisky et qui aborde les inconnus en les tutoyant. Remarque, on m'a déjà connue plus entreprenante. Mais je commence à être fatiguée de baiser comme ça, ça devient lassant. « C'est un chagrin d'amour ? » je lui demande sans aucun embarras, pas gênée du tout à l'idée de m'incruster et de poser des questions sur sa vie personnelle qui ne me regarde absolument pas.

désolée, j'ai du mal avec les débuts