Le mois de mars 86 fut un mois plutôt... lucratif pour la famille Vannier. En effet, cette dernière se vit enrichie de deux nouveaux membres, des jumeaux prénommés Tom et Léo. Les deux bébés étaient attendus depuis des mois entiers, et leur arrivée fut une véritable révolution pour leurs parents. Il fallait avouer que deux garçons d'un seul coup, ça faisait beaucoup de choses à gérer. Toute leur enfance fut heureuse et remplie de bêtises, de jeux et de péripéties en tout genre. En fait, Tom et Léo ne se quittaient quasiment jamais, ils partageaient tout, ils avaient exactement les même goûts et appréciaient les mêmes choses simples. A deux, ils s’entraînaient et rien ne le faisait peur, pas même cette gigantesque pente dans laquelle ils s'étaient lancés tous les deux en vélo, et de laquelle ils étaient remontés en pleurs avec les genoux tout égratignés. Même si leurs parents les aimaient plus que tout, il leur arrivait parfois de vouloir les envoyer loin, très loin d'eux pour ne plus avoir à gérer leurs bêtises , et retrouver quelques jours de tranquillité. Les inséparables ne passaient pas un jour sans faire les quatre cents coups dans la capitale française, et sans même s'en douter, ils se construisaient jour après jour des souvenirs qui deviendraient très importants pour Léo. Même en vieillissant, les jumeaux ne pouvaient pas rester plus de deux jours d'affilé sans se voir. Pour eux, c'était vital : ils avaient besoin de se croiser, de se parler, de s'appeler tout le temps. Dès qu'il leur arrivait quelque chose d'insolite, de drôle ou même de grave, leur premier réflexe était de décrocher leur téléphone pour appeler l'un ou l'autre. Cette habitude leur permettait de n'avoir aucun secret entre eux, et leur relation était tout à fait fusionnelle. Sans même se parler, avec un seul petit regard en coin ils pouvaient se comprendre, et cette complicité en faisait rêver (ou rager, au choix) plus d'un. La seule et unique chose qu'ils ne pouvaient pas partager, c'était bien entendu les petites amies. Mais Tom et Léo se débrouillaient toujours pour sortir avec des filles en même temps, et ils organisaient même parfois des concours pour savoir lequel garderait sa copine le plus longtemps. En effet, même avec l'âge ils n'avaient rien perdu de leur espièglerie, et toutes les occasions ou presque étaient bonnes pour s'amuser, et se lancer des défis ridicules. Leur relation fraternelle était basée là-dessus depuis leur naissance, et ils ne comptaient pas s'arrêter en si bon chemin. Ils ne seraient d'ailleurs pas arrêté si la vie en avait décidé autrement...

Un coup de téléphone, un seul petit appel avait suffit à anéantir la vie de Léo à tout jamais. Ce numéro qu'il n'avait jamais vu, cette voix qu'il ne connaissait même pas et qui osait lui annoncer que son frère avait eut un grave accident... et qu'il ne s'en était pas sorti. Combien de fois le jeune homme avait rejoué la scène dans sa tête ? Ce jour-là, il avait juste eut l'impression de faire une longue chute, une chute dans un gouffre dont il ne voyait pas la fin, et d'où il ne parviendrait certainement jamais à sortir. La voix dans le téléphone lui expliquait plus ou moins clairement que Tom s'était trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Une course poursuite en voiture avait eut lieu en banlieue parisienne, juste quand le jeune homme rentrait du boulot, et la voiture des fuyards avait percuté la sienne de plein fouet. L'accident ne lui avait visiblement laissé aucune chance, mais Léo ne pouvait pas croire ce qu'il entendait. Pas son frère, pas lui, il devait forcément y avoir une erreur. Alors il grimpa dans sa voiture, et se rendit à l'adresse qu'on lui avait donnée pour aller identifier un corps. Un corps qui ne pouvait pas être celui de Tom, il le savait, ou plutôt : il l'espérait.
Quelques secondes lui suffirent pour comprendre. Son frère jumeau gisait bel et bien sur cette table. Il l'avait abandonné, laissé seul ici, sans même qu'il n'ait le temps de lui dire au revoir, de passer une dernière soirée avec lui. Léo était tellement sous le choc qu'il n'avait même pas la force de pleurer, il était juste... absent, comme vidé de son âme et de tout ce qui le faisait vivre jusqu'à présent. Le jour de l'enterrement de son frère, alors que tout le monde (y compris des gens qu'il n'avait jamais vu) venait poser une main sur son épaule, ou lui dire des mots qui se voulaient réconfortants, Léo resta silencieux. Son regard était vide, fixé dans le vague sans but précis, et à vrai dire il entendait les gens lui parler sans réellement les écouter. Il se sentait dans un autre monde, au-dessus de tout ça... De toute façon, aucune des personnes de l'assistance ne pouvait comprendre sa douleur et sa tristesse, et toutes ses attentions insignifiantes à ses yeux n'avaient pour seul résultat que de l'agacer. En face de lui, Léo pouvait voir Angie, la petite amie de son frère mais même avec elle : aucun mot ne sortit de sa bouche. Pourtant, il était censé être avec elle, la consoler.. Ils auraient du se soutenir dans cette épreuve qui les touchait tous les deux, mais Léo préférait rester seul, il s'enfermait dans cette tristesse et restait tout simplement inconsolable. D'ailleurs, le seul fait de voir le visage d'Angie lui rappelait bien trop cruellement son frère. Il préférait donc détourner le regard, et espérer ne plus jamais la recroiser.

Désormais, Léo était seul à bord, il avait perdu son frère, mais aussi son meilleur ami, son confident, son compagnon de galère ou de délire. Parfois, quand il se trouvait en face d'une situation improbable, Léo s'empressait de décrocher son téléphone avec un sourire espiègle... Mais l'annonce du répondeur de Tom le rappelait bien vite à la dure réalité, et il replongeait alors dans cette sorte de torpeur qui ne le quittait plus. Le jeune homme était comme éteint, vide et sans aucun projet. Auprès de ses parents, il devait maintenant tenir la place de deux personnes, et ce fardeau était beaucoup trop lourd à porter pour lui. Il n'avait pas vraiment eut le choix, et avait été contraint de reprendre l'entreprise familiale que Tom gérait juste avant l'accident. Léo s'était donc retrouvé propulsé au rang de gérant d'une grande chaîne de restaurants français, et avait du abandonner son rêve de devenir un jour dessinateur. Bien sûr, il continuait à dessiner dans son coin, mais il n'avait plus aucun espoir de pouvoir vivre de ses dessins. Ces derniers, qui représentaient en général son frère, se retrouvaient donc remisés dans un carton, au fin fond de l'appartement de Léo. Évidemment, Léo était très mal à l'aise dans ce rôle de grand patron, et il ne connaissait fichtrement rien à ce monde impitoyable. De plus, le souvenir de son frère était bien trop présent... Il ne cessait de penser à lui, nuit et jour, parfois il se surprenait même à lui parler, à lui raconter sa journée, ses problèmes, voire même à lui demander quelques conseils concernant son nouveau job. Mais bien sûr, toutes ses questions restaient sans réponse, et Léo demeurait seul dans le silence, sans jamais rien partager avec ses proches. Il s'efforçait de garder ses émotions bien au fond de lui, et de ne rien laisser paraître à l'extérieur. En effet, il devait se montrer fort devant ses parents, et il devait avoir les épaules assez larges pour endosser son nouveau rôle. En réalité, Léo n'avait qu'une seule envie : fuir. S'éloigner de la France, de son enfance, des douleurs qui imprégnaient à présent chaque endroit de sa maison, chaque rue de Paris... Dans un premier temps, il décida donc de partir quelques temps aux États-Unis, et d'accomplir une chose que les jumeaux s'étaient promis de faire au moins une fois dans leur vie : arpenter la route 66 tous les deux. Malheureusement, Léo serait seul dans cette aventure, mais il savait que son jumeau le suivrait dans chacun de ses déplacements, et garderait un œil bienveillant sur lui. Le jeune homme entama donc cette expédition qui ne devait pas trop s'éterniser. En effet, il avait désormais une entreprise à gérer, et ne pouvait plus se permettre ce genre d'excursions au hasard.
Après plusieurs jours « d'errance » sur la route mythique, Léo fit une escale qui se voulait être courte à Santa Rosa. Mais bizarrement, il se sentit plutôt à son aise dans cette ville du Nouveau Mexique. Là, il était certain de ne croiser personne qui puisse le connaître. Il était bien loin de son pays natal, et par conséquent bien loin de ses mauvais souvenirs. Ici, personne ne serait en mesure de venir remuer son passé douloureux, et cette ville qui n'avait l'air de rien lui paraissait tout à coup être l'endroit parfait pour repartir sur de nouvelles bases. En fait, Léo ne quitta plus la ville. Avec les économies qu'il avait, et l'aide de ses parents qui comprenaient aisément son choix, il se trouva un appartement dans lequel il installa son bureau. Le jeune homme se sentait tout à fait capable de gérer son entreprise à distance, et les USA pourraient même être un futur débouché pour sa chaîne de restaurants.

Aujourd'hui, Léo vit donc à Santa Rosa, d'où il dirige sa chaîne de restaurant du mieux qu'il peut. Par la force des choses, il est devenu quelqu'un de réservé, limite timide. Bien sûr, il ne parle jamais de son passé ni de sa vie en France, et au fond de lui, il reste complètement éteint et sans vie. Il lui faudra certainement encore longtemps avant de remonter la pente, mais le fait de ne plus ressasser ces mauvais souvenirs sera la clé de sa nouvelle vie...

T'ES LA et osef que je sois pas validée, écoute.
& toi et moi, on fera des folies de nos corps et bien plus encore

Ana, tu suck dur sérieux meuf.

Léo M. Vannier a écrit:

OUI JE SUIS LA c'est beau ce que tu dis

c'est toujours beau ce que je dis, enfin surtout ce qu'Angie dit.