« Jolene vient par là il faut que je te montre quelque chose. » Ça c'était la douce voit de mon père ; j'aurais pu la reconnaitre parmi des centaines voir des milliers de voix. A la fois douce, agréable avec une légère pointe d'autorité. Et puis mon père avait aussi une spécificité, un truc bien à lui : jamais une seule fois dans sa vie il ne m'a appeler Jo' comme la plupart des gens de mon entourage le faisait, ma mère elle même m'appelait tout le temps par mon diminutif - excepté quand elle voulait m'engueuler bien évidemment, la elle sortait carrément mon nom entier - mais mon père lui n'a jamais réussit, il m'a toujours appelé Jolene, et bien que je ne lui ai jamais vraiment demandé pourquoi je pense tout simplement que c'est parce que c'est lui qui avait insisté pour me donner ce nom en référence à l'une des chansons qu'il aimait le plus. La musique c'était tout pour lui, toute sa vie et pendant un moment il avait même fait une petite carrière, avant que je point le bout de mon nez et que ma mère lui demande donc d'arrêter pour s'occuper un peu de moi. « Qu'est ce qu'y a ? » lui demandais-je alors que je me rendais dans le salon ou il m'attendait assis sur le canapé. Du haut de mes six ans je le rejoignit, avalant la dernière bouché du délicieux gâteau que ma mère avait préparé en ce samedi. Il tourna son visage vers moi pour m'adresser un large sourire puis il me tendit un paquet d'une forme plutôt carré et bien emballé dans un jolie papier de couleur violet, l'une de mes couleur préférée. Je l'ouvris à toute vitesse « NOOON, trop bien, merci papa !! » Je me jetai à son cou alors qu'il explosa de rire pour ensuite me serrer dans ses bras. Il savait comment me faire plaisir, un simple album.. Mais attention ! Pas n'importe quel album, un album regroupant les meilleur chanson du King ! Ouais j'ai toujours été fan d'Elvis, la faute à mon père sans doute. Il parait que quand j'étais encore dans le ventre de ma mère il me chantait déjà quelqu'une des meilleurs chansons du répertoire.. Ca ne m'étonne pas vraiment de lui en fait, passionné par la musique comme il était, il voulait sans doute que je le sois moi aussi ; mais honnêtement il a pas eu trop de mal à me convaincre. Je ne sais pas si c'est les chanson qu'il me faisait écouter quand j'étais toute petite ou bien les airs de guitare qu'il jouait parfois dehors et que je prenais un plaisir fou à écouter, mais moi aussi j'ai attraper le virus. Moi aussi dès mon plus jeune âge, j'écoutais un peu de tout et j'aimais ça ! Pendant que les autres s'amusait dans les cours de recrée et se faisait des "soirées pyjama" et bien moi je restais seule avec ma guitare et quelques amis musiciens qui me comprenait et on jouait, on apprenait, on critiquait les nouveaux genres.. bref, on s'amusaient à notre façon et cela nous convenait parfaitement.

« Jo' réveille toi ma chérie. » J'ouvris difficilement les yeux et tourna la tête vers mon réveil qui indiquait cinq heure du matin. « Laisse moi maman.. Je suis fatigué .. » Je retira son bras qui tenait le miens, prête à retomber doucement dans les bras de Morphée quand soudain la lumière s'alluma, dans toute ma pièce. « Maman t'exagère ! J'ai cours moi demain ! » Je me redressai dans mon lit en soupirant et la regarda s'agiter tout autour de moi, alors que mes yeux étaient encore à moitié fermé. « Mais qu'est ce que tu fais ? » « Ton père n'est qu'un salaud ! » cria t-elle au bord des larmes. Moi je resta dans mon lit, sans rien dire et la regardait mettre mes affaires dans une valise. C'était incompréhensible tout ce qui était entrain de se passer. En fait j'avais l'impression d'être redevenue une petite fille de trois ans qui regarde des adultes parler d'un tas de truc qu'elle ne comprend pas ; mais là j'avais pourtant dix sept ans et j'avais parfaitement capté que ma mère venait d'insulter son mari mais pourquoi .. ? Je décidai enfin de me lever pour aller stopper ma mère qui commençait sérieusement à me faire mal au crâne à bouger dans tout les sens comme ça. Je lui attrapai les mains alors qu'elle allait sortir mes jeans de leur tiroir « Je comprends rien là maman.. explique moi. » « Il faut qu'on parte ma chérie, je t'expliquerai sur la route. » Elle déposa un baiser sur ma joue et recommença à remplir les valises étalés sur le sol. Je voulais lui dire qu'elle devenait folle, qu'il fallait qu'elle aille se reposer mais jamais je ne l'avais vu comme ça. Ma mère avait toujours été d'un naturel très calme ; même quand j'étais petite et que je faisait les plus grosse conneries, jamais je ne l'avait vu péter un câble comme ce soir là, alors après un moment de réflexions à la regarder, les yeux rouges et les larmes roulant sur ses joues, je compris que quelque chose de grave s'était passé. Rapidement je sortis de ma chambre pour me rendre dans la pièce qui se trouvait un peu plus loin, espérant y trouver mon père. En effet, il était là, assis sur le lit la tête dans les mains. J'avais toujours été proche de lui et ça me faisait beaucoup de peine de le voir comme ça, mais je devais rester forte. « Qu'est ce qui se passe ? » lui demandais-je doucement, remarquant que leur chambre aussi était sans dessus, dessous. Ma mère avait sans doute déjà fait ses valises. Il releva la tête et resta muet mais je vis bien qu'il s'en voulait, je pu le voir dans son regard. Je le connaissais par coeur mon père. Enfin, c'est que je croyais. Il ne me répondit pas et me fit simplement comprendre que c'était lui qui allait partir. Dix minutes plus tard il était dehors et moi j'étais là planté au milieu du salon, à regarder la porte d'entrée qu'il venait de fermer. J'avais l'impression d'être dans un autre monde, jamais mes parents ne s'étaient disputé de la sorte, c'était pire qu'un cauchemar et pourtant c'était bien réel. Cette nuit fut longue, très longue. Ma mère qui pleurait dans mes bras sans vouloir me dire ce qui se passait, moi complètement perdu et fatigué qui tentait de la réconforter au milieu de ma chambre dans le bordel le plus complet, des vêtements, des disques et ma guitare étalé sur le sol.

J'ai finalement apprit ce qui s'était passé, pourquoi ma mère s'était mise dans un état pareil et pourquoi mon père était partis comme ça, ma mère a accepté de m'en parler environ un mois et demi après cette soirée, quand elle a comprit que je cherchais à le retrouver. En fait, elle a découvert qu'il menait une double vie et cela durait apparemment depuis un moment déjà. Au début j'eus du mal à la croire, je ne voyais pas comment mon père aurait pu faire ça, il nous aimait beaucoup trop ! Mais elle sortis un argument.. ou plutôt des arguments de chocs : des photos, des lettres .. Je regardai tout cela en silence et finit par fondre en larme, chose que je n'avais pas faite depuis son départ. Vous ne pouvez même pas imaginer la colère, la peine, la déception que j'ai ressentis à ce moment là. Mon père, l'homme que j'admirais le plus au monde nous avait mentis pendant des années et d'après les photos il avait même un fils avec cette autre femmes ! Le pire je crois c'est qu'il était partis comme ça, sans m'en parler, s'en oser me dire tout ce qu'il avait fait ! Je trouvais ça lâche, et pas digne de l'homme qui m'avait tout appris. Je ne l'ai jamais revu depuis, il a tenté de m'écrire plusieurs lettre que je n'ai jamais ouvertes. Je ne voulais plus rien savoir de lui de toute façon.
Malgré toute cette histoire, j'ai continué à faire ce que j'aime le plus : la musique. Je sais que ça ne plait pas forcément à ma mère, tout ce qui se rapporte à lui elle déteste. Moi aussi j'aime pas parler de lui, penser à lui.. mais je continue d'écouter ces chansons qu'il m'a fait découvrir et je continue à utiliser la guitare qu'il m'a offert il y a des années. En fait, même si j'ai toujours dit vouloir l'oublier, je crois que je ne peux pas, de plus j'ai besoin de le voir, de lui parler j'ai besoin d'explication. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui m'ont poussé à prendre la route. J'ai ouverts ses lettres il n'y a pas longtemps dans lesquelles il m'expliquait qu'il s'était installé avec son "autre" famille dans une petite ville au Nouveau-Mexique mais qu'il espérait pouvoir déménager assez vite dans l'un des états les plus proches. Il disait également qu'il espérait pouvoir remonter sur scène et.. que je lui manquais. Après mure réflexion, j'ai proposé à un ami d'aller sillonné les états du sud pour nous produire dans des petites villes, dans des bars ou des truc comme ça. Je savais très bien qu'il ne refuserait jamais ! César est un peu comme moi, un passionné de musique mais lui il veut le vivre à 100%. Il s'en fiche qu'on galère pour se payer des bon trucs à manger, il s'en fiche aussi de devoir passer des nuits dans une voiture.. En fait je crois qu'il trouve cela plutôt excitant et moi aussi. Au début, c'était un peu plus difficile mais à force de faire des aller retour dans toutes les villes, nous nous sommes faits pas mal d'amis qui acceptent de nous héberger dès qu'on leur demande. On s'est fait aussi un peu publique et je dois avouer que c'est très agréable de jouer devant des personnes qui aime votre chanson et votre voix ! Mais même si j'ai pris goût à cette vie, je n'oublie pas que mon but principale est de retrouver mon père afin d'avoir cette discussion avec lui, discussion qui aurait du se passer il y a bien longtemps.