« Baby loves to dance in the dark, 'cause when he's looking she falls apart. »
« De quoi j'ai l'air ? » me demanda Olivia en tournant sur elle-même, me faisant admirer sa robe sous toutes les coutures. Je souris, amusée. Elle se faisait toute belle, pour un homme à qui elle n'avait jamais parlé. C'était sa folie qui me faisait l'aimer, après tout. « Tu crois qu'il aimera ? » Je levais les yeux au ciel, exaspérée. C'était toujours la même chose avec elle. « Au lieu de me demander, tu pourrais juste aller le voir et lui parler. » Olivia était folle amoureuse de Cameron, depuis des années. Le problème, c'est qu'elle ne lui avait jamais adressé la parole, et elle n'allait jamais le faire, je ne la connaissais que trop bien. « Viens avec moi à la soirée de ce soir. » Je soupirais. Je devais toujours être dans les alentours lorsqu'elle allait à une soirée où Cameron risquait de se rendre. Elle ne voulait pas être la seule à le manger du regard, puisqu'elle ne faisait que ça et ne passait jamais à l'action. « Ouais, comme tu veux. » Après tout, je n'avais jamais été du genre à refuser une invitation à une fête. Et avec un peu de chance, Adrian serait dans les parages lui aussi. Oui, je me moquais d'Olivia. Mais finalement, je ne valais pas mieux.

« Oh la vache, Faye, il est là. Regarde, c'est lui ! » murmura-t-elle en s'agrippant à mon bras. Je soupirais, lasse de son comportement. Certes, la plupart du temps, elle me faisait rire, mais là, ça devenait bien trop pathétique pour être drôle. Elle le faisait passer pour un Dieu, c'était du n'importe quoi. Il était normal, et il n'allait pas la bouffer, merde. « Tu m'énerves. Il est temps de changer ça. » Je me levais d'un coup du canapé où nous étions assise. « Non, Faye, reviens, qu'est-ce que tu fais ? » J'avançais droit vers Cameron, et lorsqu'il releva le regard vers moi, je lui adressais un sourire. « Salut. Je m'appelle Faye. Ecoute, c'est un peu inhabituel, mais voilà. Tu vois cette fille là-bas ? » Je pointais Olivia du doigt, alors qu'elle essayait de faire comme si elle ne s'intéressait pas à ce qui était en train de se passer. « Elle est à fond sur toi, et n'arrête pas de m'embêter avec ça. Elle est trop intimidée pour venir te voir, je pense qu'elle t'a trop idéalisé. Donc ça serait cool que tu ailles la voir, et que tu lui montres que tu es accessible. J'avoue que ça m'arrangerait. » Je lui jetais un regard plein d'espoir, vraiment désespéré. C'est vrai quoi, entendre Olivia parler de lui à longueur de journée, ça commençait à me taper sur les nerfs. « Je vais voir ce que je peux faire. » me répondit-il amusé, en se dirigeant vers Olivia. J'observais la scène quelques instants lorsque je sentis un souffle chaud derrière moi. « Sympa. » Je n'avais pas besoin de me retourner pour reconnaître la voix d'Adrian. « La ferme. » Il émit un léger rire avant de partir rejoindre une grande blonde aux yeux bleus, passant sa main autour de ses hanches. Je les fusillais du regard, et soupirais, me rendant compte que j'agissais exactement de la même manière qu'Olivia. Non, je n'idéalisais pas Adrian. A vrai dire, c'était un bon copain, il nous arrivait de traîner ensemble. Mais j'étais incapable de faire quoi que ce soit, de tenter quelque chose. Il serait peut-être temps que je prenne en compte mes conseils pour les autres.

« You make me glad, I'm not alone. »
« Allez, avoue, tu fonds complètement. » me taquina Olivia, alors que nous étions attablés avec Charlie, notre meilleure amie. Olivia, Charlie et moi formions un trio parfait. Les trois meilleurs amis du monde, fourrés ensemble depuis la plus tendre enfance. Je n'avais pas eu des jours faciles. Mon père était alcoolique, et violent envers sa femme et son enfant. Lorsque j'étais avec eux, j'oubliais ce qui se passait chez moi, et je redevenais une petite fille normale l'espace de quelques instants. Ils m'avaient aidé à surmonter tout ça. Aujourd'hui, alors que nous étions âgés de seize ans, ils étaient les seuls à savoir que ma mère était morte suite aux coups de mon père, et non pas à une chute malheureuse dans les escaliers. Ils étaient les seuls à savoir qu'il m'avait battue. Et ils étaient là pour moi. « Tu racontes n'importe quoi. Ne projette pas ta relation avec Cameron sur Faye. » Olivia se mit à rire. « Tu dis ça uniquement parce que tu l'as embrassée une fois et que tu aimerais bien recommencer, avoue-le ! » Charlie fit une grimace à Olivia et lui demanda de la fermer. Je souris, amusée. C'était bien le genre des deux de se taquiner. D'ailleurs, Olivia adorait remettre ce baiser sur le tapis. Effectivement, j'avais embrassé Charlie quelques semaines auparavant, lors d'une fête. J'avais fais ça sur un coup de tête, pour m'amuser, ne m'attendant pas à ce qu'il signifie quoi que ce soit pour lui. Je ne pensais qu'à Adrian, je ne voyais qu'Adrian. Pour moi, aucun autre garçon ne pourrait me convenir à part ce bellâtre au yeux bleus. « Faye, dis-lui que j'ai raison, merde ! » Je regardais Charlie, qui semblait énervé, mais encore plus embarrassé. Il était vraiment trop mignon. « C'est vrai qu'il est canon, mais ça veut rien dire. C'est pas lui que j'ai décidé d'embrasser. » J'arquais un sourcil parfaitement épilé en regardant Charlie, le taquinant à mon tour. Olivia se marra comme une tordue, et Charlie l'engueula, encore et toujours, remettant le sujet Cameron sur le tapis, afin que les rôles soient inversés. Tout en buvant mon verra, je les observais se chamailler. C'était tout ce dont j'avais besoin. Juste eux. Mes meilleurs amis. Rien ne pourrait me rendre plus heureuse que leur présence.

« This time, don't need another perfect line, don't care if the critics never jump in line, I'm gonna give all my secrets away. »
« Non, Charlie, tu ne peux pas être sérieux. Arrête ! » dis-je en rigolant, essayant de cacher une certaine gêne. Charlie était mon meilleur ami depuis toujours. Je le considérais comme le frère que je n'avais jamais eu. Olivia et moi l'avions toujours taquiné sur le fait qu'il était amoureux de moi, car le voir rougir le rendait tout simplement irrésistible. Mais depuis quelques jours, il devenait de plus en plus insistant. Et aujourd'hui, il m'avait invité à dîner et n'arrêtait pas de me faire des compliments. « Non, c'est la vérité. Et je t'avoue être légèrement jaloux d'Adrian. » Je le regardais en fronçant les sourcils, avant de comprendre de quoi il voulait parler. C'est vrai que je n'avais plus vu Charlie depuis des jours. Tout comme Olivia. Je passais tout simplement tout mon temps avec Adrian en ce moment. Nous nous étions énormément rapprochés, et il y a quelques jours, il m'avait proposé de sortir. Un rencard. J'avais attendu cela depuis des années. Notre histoire débutait, doucement mais sûrement. J'avais bien l'intention de faire marcher cette relation, quel qu'en soit le prix. Mais je me sentais coupable envers Charlie et Olivia. Ils n'étaient même pas au courant de ce qui se passait. « Ecoute, Charlie, je suis flattée. Mais toi et moi, ça n'arrivera jamais. Je suis avec Adrian maintenant. Que ça te plaise ou non. » Je le regardais, inquiète. Je ne voulais pas être le genre de fille à tout plaquer pour un mec. Je ne voulais pas que mes meilleurs amis me voient comme ça. Je devais faire quelque chose pour changer tout ça. Il regarda mon air soucieux, et soupira, un léger sourire se dessinant sur son visage. « T'as intérêt à me consacrer du temps, Carmichael. Et à me dévoiler les détails les plus croustillants. » Je souris, heureuse de voir qu'il le prenait aussi bien. Après tout, il aurait pu m'envoyer balader. Mais non, il se comportait comme le meilleur ami parfait, contrairement à moi. « T'es le meilleur. » Je me penchais pour déposer un baiser sur sa joue, avant de m'emparer de mon verre et de boire une gorgée. J'avais vraiment des amis en or.

« You used to talk to me like I was the only one around, you used to lean on me, the only other choice was falling down. »
« Allez, Olivia, je sais que t'es là, ouvre-moi cette porte. » Je soupirais alors que mon poing continuait de cogner à la porte de la maison de ma meilleure amie. « Va-t-en. » l'entendis-je pleurnicher derrière la porte. Un bruit sourd suivi, et je su qu'elle venait de monter les escaliers en courant. Je me baissais alors pour m'emparer de son double de clé qu'elle laissait sous son paillasson. J'ouvris alors la porte et la refermais derrière moi, posant les clés sur la commode de l'entrée. « Olivia, arrête de faire ta tête de noeud. » Je montais les escaliers lentement, me dirigeant vers la chambre de la jeune fille. Une fois près de la porte, je la regardais déchirr un paquet de photos. « C'est qu'un connard. Et toi, tu vaux pas mieux que lui ! » me cria-t-elle en me lançant un tant de photos. Je les ramassais. Il s'agissait de photos d'elle et Cameron. Je soupirais, avant d'aller la rejoindre. Je posais mes mains sur ses épaules et cherchais son regard dans le but de la calmer. « Liv, calme-toi. Respire. Et raconte-moi ce qui s'est passé. » Elle s'arrêta une minute, me regardant, l'air perdu. Je fronçais les sourcils, n'ayant aucune idée de ce qu'elle pensait à ce moment précis. « Pourquoi je devrais te le dire ? Tu n'es clairement pas là pour moi, tu n'es plus là. Alors casse-toi et laisse-moi tranquille. » Je baissais la tête, baissant les bras, coupable. Je me sentais nulle. Je pris place alors sur le bout de son lit. « Je suis désolée. Je sais que je ne suis pas la meilleure amie parfaite, et que je t'ai laissé tombée alors que tu as clairement besoin de moi. Je me sens nulle. Je veux pas être une de ces filles qui oublient tout le monde à cause d'un mec. » Olivia vint prendre place à mes côtés et soupira. « Tu l'aimes vraiment, n'est-ce pas ? » J'opinais. Oui, j'étais folle amoureuse d'Adrian. Nous n'étions pas ensemble depuis très longtemps, mais j'étais sûre qu'il était le bon. J'étais tellement heureuse et je voulais tellement m'investir dans cette relation que j'avais laissé mes meilleurs amis de côté. Ca ne nous ressemblait pas, nous ne pouvions pas être comme ça. « Cameron m'a quittée. Il est parti, comme ça, du jour au lendemain, sans rien dire. » Je fronçais les sourcils et pris la main d'Olivia dans la mienne pour lui montrer mon soutien. J'étais là, bien que je ne lui ai pas montré ces derniers temps. Mais elle était sûrement la personne la plus importante de ma vie, et je détestais l'idée que nous nous étions perdues en chemin. Il fallait que je change ça, je ne pouvais pas la laisser partir.

« What you got boy is hard to find, I think about it all the time. »
« C'est l'heure de se réveiller princesse. » Sentant des lèvres se poser sur mon front, j'ouvris les yeux lentement pour découvrir le visage d'Adrian tout prêt de moi. « Salut. » murmurais-je en laissant échapper un léger sourire. Je m'étirais et me redressais alors dans le lit, regardant autour de moi. Adrian posa alors un plateau en face de moi, rempli d'un petit déjeuner idéal. « C'est pour quelle occasion ? » Je le regardais, suspicieuse, tandis qu'il prenait place à mes côtés. « Eh bien, c'est notre premier jour de colocation, je veux faire bonne impression. » Je lâchais un petit rire, amusée, et plongeais mon regard dans le sien. « C'est réussi alors. » Il sourit avant de s'avancer et de déposer ses lèvres sur les miennes, lentement. J'appréciais ces quelques secondes, avant que nos visages ne s'éloignent. Je me retournais vers mon plateau, aux anges. « Tu t'es donné du mal à ce que je vois. » Il y avait tout ce que je préférais dans un petit déjeuner, des choses qu'hier soir nous n'avions pas. Nous avions aménagé la veille, et nous n'avions encore rien pour manger. Je lui avais fais part de mes inquiétudes, car je détestais être dans un endroit où il n'y avait encore rien, comme si nous n'étions pas prêts. Mais il avait visiblement fait les courses tôt ce matin pour me mettre en confiance. J'aimais l'idée de savoir qu'il prendrait soin de moi de cette façon les années à venir. Il était vraiment l'homme parfait, je ne m'étais pas trompée sur son cas. « Je suis définitivement la fille la plus chanceuse au monde. » Je le regardais se lever et se diriger vers la salle de bain. « Je vais à la douche, tu viens ? Tu risques d'être encore plus chanceuse que ça. » J'arquais un sourcil amusé et coquin avant d'avaler un bout de croissant et de me lever, le rejoignant rapidement. « Eh, attend-moi beau gosse. » Oui, j'étais vraiment la fille la plus chanceuse du monde.

« 'Cause tonight, you walked out of my life, 'cause tonight your words felt like a knife. I'm not living this life. »
« Il ne te mérite pas. » Je soupirais, roulant les yeux au ciel, alors que j'étais assise sur le canapé de Charlie. « La ferme. Je suis pas venue ici pour que tu le descendes. » Je savais pertinemment que Charlie n'avait jamais aimé Adrian et qu'il n'avait jamais approuvé notre relation. Particulièrement ces derniers temps. Adrian était devenu cette autre personne. Il était tombé dans l'alcool, et c'était impossible de l'en faire sortir. « Désolée, mais j'ai du mal à rester correct en parlant de cet abruti. Il te fait du mal, tu ne le vois pas ? Tu ne dois pas rester. » Je me levais, énervée. C'était les mots de trop. S'il voulait enfoncer Adrian, qu'il le fasse. Mais pas devant moi. Alors que je me retournais pour prendre le chemin de la sortie, il m'attrapa la main. Je me retournais vers lui. « Il a besoin de moi, d'accord ? Il traverse juste une mauvaise passe, et l'abandonner maintenant ne ferait qu'empirer les choses. Tu ne le comprends peut-être pas, et je ne te le demande pas. Mais accepte-le, merde ! Je l'aime, et je n'irais nul part. » Je sentis une légère pression sur ma main. Je fermais les yeux, essayant de lutter contre les larmes. Je pris une profonde inspiration, essayant de me calmer, mais la voix de Charlie me fit ouvrir les yeux. « Tu ne vois pas de quoi il s'agit ? Tu as essayé d'aider ta mère à sortir de l'emprise de ton père. Et après sa mort, malgré la violence de ton père, tu as tout fait pour l'aider à s'en sortir. Aujourd'hui, Adrian n'est plus celui que tu aimais. Cet homme-là est parti, l'alcool a eu raison de lui. Je sais que tu veux l'aider, que tu t'accroches à l'idée qu'il est toujours là, quelque part. Tu t'occupes de lui, parce que c'est dans ta nature. Mais qui s'occupe de toi, hein ? » Il posa une main sur ma joue, essuyant les quelques larmes qui venaient de s'échapper. Je baissais la tête et reculais, lâchant alors sa main. Je lui jetais un dernier regard avant de me retourner et de partir, sans lui donner de dernier regard.

« C'est pas vrai... » soupirais-je en rentrant dans la cuisine, trouvant une bouteille de vodka vide sur la table de la cuisine. Je m'attachais les cheveux en un chignon négligé avant de m'emparer de la bouteille et de la jeter à la poubelle. Je me dirigeais vers le salon pour voir Adrian avachi dans le canapé. Je secouais la tête d'un signe désapprobateur et me dirigeais de nouveau dans la cuisine. J'entrepris alors d'ouvrir les placard et je sortis toutes les bouteilles d'alcool. Je fouillais dans tous les recoins possibles, avant de sortir un sac poubelle et de mettre les bouteilles à l'intérieur après les avoir vidées dans l'évier. « Qu'est-ce que tu fais ? » La voix agressive d'Adrian s'éleva dans la cuisine. Je me retournais, surprise, et passais une main sur mon front, épuisée. « Ce que j'aurais dû faire depuis longtemps, et ce dont tu as besoin. » Je me retournais vers l'évier et m'emparais d'une nouvelle bouteille de vodka pour la vider. Je ne les comptais plus aujourd'hui. « Arrête ça. » La main d'Adrian s'empara de mon poignet et le serra avec force pour arrêter mon geste. Je lâchais la bouteille et me retourner vers l'homme que j'aimais. « Lâche-moi, tu me fais mal. » J'essayais de me détacher de son emprise, alors qu'il serrait de plus en plus fort. Les larmes commencèrent à couler, alors que l'odeur de l'alcool émanait de plus en plus de lui à mesure qu'il restait prêt de moi. Soudain, sa main lâcha la mienne. Je relevais les yeux vers lui et lui donna une claque. Il baissa la tête, sans rien dire. C'était tout lui. Je commençais à être habituée à son comportement. Je rentrais toujours du travail pour le retrouver dans cet état-là. Il faisait toujours quelque chose de stupide, quelque chose pour me faire du mal, physiquement ou mentalement, et finissais par s'excuser. Mais aujourd'hui, je ne pouvais pas le laisser faire. « Merde Adrian, tu fais chier. Comment tu peux me faire ça, à moi ? Tu sais ce que j'ai vécu avec mon père, comment tout ça a fini. Je t'aime, mais j'en peux plus. Je suis fatiguée, aussi bien physiquement que mentalement. Ca doit arrêter, tu dois arrêter de boire. C'est à toi de choisir. L'alcool ou moi. Je ne peux pas continuer comme ça. Ce n'est pas nous, ça ne peut pas être nous. Je veux revoir l'homme que j'ai aimé. Je sais qu'il est là, quelque part. » Je posais ma main sur sa poitrine, et le regardais dans les yeux, cherchant un quelconque signe. Voyant que rien ne se passait, je soupirais et baissais la tête, prise d'une nouvelle crise de larme. J'essuyais mon visage, refusant de lui monter ma faiblesse. Je tournais alors les talons et m'emparais de mes clés, sortant alors de la maison. Prendre l'air me ferait sûrement du bien. J'avais besoin de m'éloigner un peu de cet endroit, de lui.

« I'll be by your side wherever you fall, in the dead of night whenever you call. Please don't fight these hands that are holding you. »
« Tu as fais ce qu'il fallait faire. » Je relevais la tête pour regarder Olivia, le regard vide de sensation. Ca faisait des jours que j'étais dans cet état. Je restais cloîtrée dans ma chambre, refusant toute visite. Je ne pleurais plus. Les larmes avaient trop coulé, et maintenant, je ne ressentais plus rien. Olivia était rentrée de force. Elle savait où je cachais le double des clés, et ne s'était pas gênée pour rentrer, comme je l'avais fais chez elle lorsqu'elle refusait de me voir. « J'ai fais ce qu'il fallait faire ? Je l'ai poussé à partir. Il est parti, comme ça. » Je m'étais montrée forte, mais maintenant qu'il n'était plus là, il n'y avait plus aucune raison qui me poussait à le faire. « Il n'y avait plus rien à faire, Faye. C'est le mien, crois-moi. Vous avez besoin de ça. Ce n'est peut-être pas la fin. Juste une pause. » Je secouais la tête en signe de dénégation. Tout était fini, et je voulais juste que la douleur s'arrête. Que tout s'arrête. « Va-t-en, j'ai pas besoin de toi. » Je m'allongeais sur mon lit, enfonçant ma tête dans les oreillers. Je sentis la main d'Olivia se poser sur mon dos. « Ne me rejette pas, Faye. Tu as besoin de moi, et je suis là pour toi, tu le sais. » Une larme coula sur mon visage, une des premières depuis bien longtemps. Je me relevais et regardais Olivia, avant de me réfugier dans ses bras, en larmes. « J'ai mal Liv. » Je n'ai jamais été du genre à dire mes maux et à chercher l'aide des gens. Je préférais m'occuper des problèmes des autres plutôt qu'on s'occupe des miens. Mais je ne pouvais pas nier que j'avais réellement besoin d'elle. « Je sais, je sais. » murmura-t-elle maternellement en passant une main dans mes cheveux, essayant de me réconforter. Oui, j'avais besoin d'elle plus que je ne voulais me l'avouer.

« I should have called you out, I should have said your name, I should have turned around, I should have looked again. But I'm staring at the mess I made. »
« Charlie ? T'es là ? » dis-je en entrant dans la maison qui semblait vide à première vue. Soudain, un bruit se fit entendre, comme un objet tombant à terre. « Merde. Faye, c'est toi ? Je suis dans la cuisine. » Je me dirigeais alors vers la pièce indiquée. Etant venue ici maintes fois depuis des années, je connaissais cette maison par coeur. « Qu'est-ce que tu fais ? » Il était visiblement en train de faire la cuisine, mais il n'avait jamais été douée pour ça, je le savais très bien, et il le savait aussi. Il s'en était mis partout, et la cuisine était... En bordel, total. « Caroline vient dîner ce soir. J'essaye de faire un truc potable, mais bon, c'est pas facile. » Je souris. Je connaissais Caroline, je l'avais croisée deux ou trois fois. Je savais que Charlie s'était beaucoup rapprochée d'elle ces derniers temps, et qu'ils commençaient tout juste à sortir ensemble. Non pas que je vois Charlie. A vrai dire, je ne l'avais pas vu depuis qu'Adrian était parti, étant restée enfermée dans ma chambre depuis. Je n'étais pas sûre d'aimer cette fille. J'avais toujours été très possessive envers Charlie. C'était mon Charlie à moi, et je ne voulais le partager avec personne. Mais je n'avais pas été correcte avec lui, et je devais le laisser partir, le laisser voir d'autres filles. Il méritait quelqu'un d'attentionné et qui lui donnerait tout l'amour qu'il méritait. « Allez, laisse-moi t'aider. La pauvre, tu vas l'empoisonner. » Je vins à ses côtés et regardais la recette pour voir ce qu'il préparait. Je m'emparais alors de quelques objets de cuisines et d'ingrédients, et commençait à cuisiner. Mais je sentis le regard de Charlie posé sur moi. Il m'observait. Je relevais la tête vers lui, n'aimant pas du tout cette impression. « Tu sais, j'aurais préféré cuisiner pour toi. Ca a toujours été toi, et personne d'autre. » J'évitais alors de croiser son regard, me concentrant sur la cuisine. « Non, on ne va pas aller là-dedans, pas ce soir. » J'avais accepté de sortir de chez moi à la demande d'Olivia, qui m'avait conseillée de passer voir Charlie. La dernière chose que je voulais était me prendre la tête avec ces histoires. « Non, écoute-moi. J'ai besoin de le dire et tu as besoin de l'entendre. J'ai toujours espéré qu'un jour, tu me vois comme moi je te vois. Tu sais quand est-ce que j'ai arrêté d'espérer ? Quand tu as décidé de rester aux côtés d'Adrian. Il t'a fait subir ce que ton père a subi. Et pourtant, tu es restée à ses côtés, tu refusais de l'abandonner. J'ai compris que tu l'aimais vraiment. Liv m'a dit que tu te sentais coupable qu'il soit parti. Ce n'est pas de ta faute. Tu était là pour lui, et encore aujourd'hui, tu continues de t'inquiéter. Rien n'est de ta faute, d'accord ? » J'essayais de faire abstraction de ses paroles. Je m'en voulais, oui. Je m'en voulais de l'avoir traité de cette façon, et je m'en voulais aussi d'avoir laissé partir Adrian. Je ne pouvais m'empêcher de me remettre en question. Pourquoi était-il tombé aussi bas ? Est-ce que cela avait un quelconque rapport avec moi ? Mais ça ne faisait que deux mois qu'il était parti. Je n'étais pas prête à parler de lui, ni à entendre ce que mes amis pensaient de la situation. C'est trop tôt. Alors je continuais de couper les légumes, de plus en plus violemment et rapidement. « Faye ? » Il posa une main sur mon poignet pour que j'arrête mon geste. Je me retournais alors lentement, et les larmes se mirent à couler, encore et toujours. Les bras de Charlie entourèrent mon corps, et je me laissais aller dans son étreinte. J'étais heureuse de voir qu'il était toujours là pour moi, malgré tout ce que je lui avais fais subir depuis le début.

« These three words are said too much, they're not enough. »
« Chère Faye,

Je crois que je suis à dix mille lieux de la compréhension de la vie, de l’existence toute entière. Loin d’être le sage que j’aurais surement du devenir à tes côtés au lieu de te faire sombrer avec moi. Ensemble, on se l’était promis. Loin l’un de l’autre, nous le sommes en ce moment. Mon Dieu, si seulement je pouvais te toucher, te sentir, passer mes doigts dans tes cheveux pour en apprécier la douceur. Tes yeux me manquent, ton corps me manque. L’absence de tes mots me tue. Tu as été cette lumière, cette paix entre deux guerres, cette lueur d’espoir quand tout me semblait trop las pour continuer de me battre. La seule chose que je regrette c’est de ne pas avoir su saisir ma chance et derrière ce seul regret se cache tellement de non-dits. J’espère que tu les trouveras si tu lis ces quelques mots. Mon amour, mon cœur, tu ne le sais que trop bien ; je ne suis pas un homme qui sait manier les mots. Avec toi, un seul regard suffisait. Tu as toujours tout compris, dotée d’une intelligence à m’en couper le souffle. Tu étais à couper le souffle. Un baiser et je manquais cruellement d’oxygène. Une caresse et je sentais cet organe infaillible jouer les traîtres. Je te demande de me pardonner. Mon égoïsme ne l’est surement pas et ma fuite encore moins, mais au nom de notre amour, de ce qui nous a uni durant autant de temps. Si tu ne le veux pas, je le comprendrais. Il est clair, néanmoins, que tu ne pourras jamais lutter contre les sentiments qui m’habitent, qui finiront probablement par m’achever.

Je t’aime. Il me semble que cela résume tout le reste et toutes ces choses que je ne saurais jamais te dire. »

« Faye ? FAYE ! » Entendant un bruit derrière moi, j'enlevais le casque et posais le pistolet sur la table devant moi. Je me retournais pour voir une fille que je voyais souvent lorsque je venais m'entraîner aux tirs. Elle était devenue une amie au fil du temps. Il faut dire que je prenais des cours de tirs dans cet endroit depuis mes dix-huit ans. Depuis que j'étais partie de chez moi. Je me sentais plus en sécurité avec une arme. La violence de mon père avait laissé pas mal de traces, et je n'oubliais toujours pas. Ce sont des choses qui restent avec vous toute une vie. « Oui ? » Elle me regarda, l'air inquiète. « Tu vas bien ? » Son regard passa de la cible, à l'arme, puis à moi. Je suivis son regard, et je compris. Je n'étais pas comme ça, d'habitude. Je devais admettre que j'étais beaucoup plus violente que d'habitude dans mon comportement, dans mes tirs. Je trouvais une sorte de défouloir. Trois mois. Trois mois que j'essayais de me l'enlever de la tête. Et j'y arrivais. Lentement, mais sûrement. Je recommençais à sortir, à revoir mes amis. J'essayais d'aller mieux, réellement. Et voilà qu'il m'envoyait cette lettre. Non mais il se prenait pour qui ? Il me faisait suer pendant des mois avec son alcoolisme, il se barrait Dieu sait où, et il croyait qu'il pouvait tout réparer avec une lettre dans laquelle il me dit qu'il m'aime ? « Oui, je vais bien. Parfaitement bien, c'est juste que... Tu sais, j'ai besoin de me défouler. » Elle me sourit légèrement, avant de s'en aller. Je soupirais et remis le casque avant de reprendre mon arme. « Connard. » Je me remis à tirer, tout en réfléchissant à tout ça. J'avais beau le traiter de tous les noms, je savais pertinemment ce que j'allais faire. Je pourrais essayer de m'en persuader, mais je serais toujours amoureuse de lui, quoi qu'il en soit. Et quelque part, derrière cette lettre, il y avait la souffrance. Je n'avais qu'une chose à faire, partir le retrouver. Ca n'allait pas être facile, j'en étais consciente. Je n'avais aucune idée de l'endroit où il se trouvait. Je savais juste que je ne pouvais pas rester là sans rien faire, alors que quelque part, Adrian, mon Adrian, continuait de m'aimer.