Excuse moi.
Je n'ai pas encore trouvé le courage de venir te voir, je crois que je ne suis pas prête à affronter cette réalité et j'espère que ne m'en voudra pas. Tu sais, ça doit être la douzième lettre que je t'écris et pourtant, je ne t'en ai pas envoyé une seule, va savoir pourquoi. Je dois avoir la frousse, ça doit être la peur que tu ne comprennes rien, que tu ne me réponde jamais ou qu'elle s'égare tout simplement parmi toutes les autres lettres de l'internat et dieu seul sait à quel point il doit y en avoir. C'est tout de même étrange la tournure que peuvent prendre les choses non ? Je veux dire, lorsque j'étais jeune, que papa était toujours présent et que tu allais bien, vous ne cessiez de dire que j'étais de loin la gamine la plus déterminée qu'il soit. Vous répétiez à qui voulait bien l'entendre que j'étais fonceuse, que rien m'effrayait et qu'il m'était même déjà arrivé de partir seule dans San Francisco alors que je n'avais que sept ans. Puis me voilà, tremblante devant cette lettre, à hésiter devant certains mots et à me dire qu'elle pourrait bien finir avec toutes les autres, c'est à dire sous l'évier de la cuisine. Je me trouve pitoyable, mais en même temps, je ne me serais pas vue aller te voir, à essayer de te faire comprendre qui je suis, ce que je veux, je n'aurais surement pas supporter bien longtemps cette situation et je ne me serais fait que plus de mal, tout simplement. C'est drôle, parce que par moments, j'ai l'impression que tout va bien, que je peux vivre avec ça et d'autre fois, ça me tue, j'comprend plus rien et j'aurais besoin de toi, de ma grande confidente. J'aurais tellement de choses à te dire, tellement d'histoires tous plus folles les unes que les autres à te raconter et je ne peux pas parce que quand même bien je le ferais, tu finirais pas oublier et je ressentirai toujours ce vide. Si tu savais à quel point c'est atroce d'avoir à t'écrire, d'avoir même à pensé à toi. Chaque jour je me lève, avec l'espoir que Lucie revienne, qu'avec l'espoir que tu retrouve tes souvenirs et avec l'espoir que papa lâche cette pouffiasse, mais il en est rien, c'est pathétique, je suis pathétique en fait. Mais tu sais, je tiens tout de même à te dire que je t'aime maman, je t'aime plus que ma propre vie, peu importe la tournure qu'on pu prendre les choses. Tu es mon modèle, mon héros et tu le resteras toujours, quoi qu'il advienne. Avec tout mon amour, Iris.

Elle dépose brusquement le crayon contre la feuille et passe doucement ses doigts frêles contre ses yeux, luttant pour ne pas pleurer à nouveau. C'est toujours ainsi, à chaque foutus fois elle se doit de baisser les bras. De verser quelques larmes pour au final, cacher cette lettre qui ne sera jamais envoyé. Cinq ans, cinq déjà qu'elle est là-bas et durant ces mille huit cent quelques jours, la jolie ne lui a pas adressé la moindre parole, par le moindre regard, rien. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle s'en fou. Non pas qu'elle soit une mère indigne qui déteste ses enfants, seulement, elle ignore même qu'elle en à. Elle ne sait plus rien, à tout oublié, y compris qui elle était autrefois. Jetant un coup d’œil au téléphone qui se tient tout près d'elle, Iris ne peut s'empêcher de soupirer. Voilà six mois qu'elle n'a pas adressé le moindre mot à mon père, pas un seul signe de vie ni rien. Il est comme mort à ses yeux et pourtant, il n'a rien fait de grave, si ce n'était de s'être marié à une autre, alors que non-loin, sa mère cherche désespérément à se rappeler, alors qu'elle se bat pour pouvoir retrouver les souvenirs de l'homme qu'elle aime, de sa famille qu'elle chérie. Un haut le cœur lui prend et doucement, elle passe sa mains dans ses cheveux. « Je dois lui envoyer cette lettre, je dois lui montrer qu'au moins, moi, je n'ai pas oublier, que je peux l'aider dans cette épreuve et que je serai toujours là, jusqu'à la fin. Je le dois pour elle, pour moi, pour ma famille. »

« Je peux vous servir ? » La jeune femme lui offre un doux sourire, poli, comme celui qu'elle offre toujours à ses clients, question de paraître bien. « Un verre d'eau et peut-être un coup de main, ce serait bien. » Haussant légèrement le sourcil, la jolie pousse un vers d'eau en sa direction et s'installe face à lui qui, doit-elle bien se l'avouer, est loin d'être désagréable à regarder. Un sourire toujours accroché au coin des lèvres, elle passe une main dans ses cheveux et soupire, mais pas d'ennui, seulement un simple soupire parmi tant d'autres. « Et en quoi puis-je vous être utile ? » Elle ignore ce qu'il veut, qui il est et est même persuadée qu'il n'est pas la ville, du moins sa tête ne lui dit rien et pourtant, il l'intrigue, plus que quiconque autour. Peut-être est-ce ses cheveux bruns trop en bataille, peut-être est-ce la barbe de quelque jours ou ce grand sourire qui lui donne l'air d'un ange, elle l'ignore, mais elle veut en savoir plus, beaucoup plus. « Je vais peut-être avoir l'air débile, seulement je suis nouveau dans le coin et je suis carrément perdu. C'est tout moi ça, se perdre dans une petite ville mais bon, vous pourriez m'indiquer où se trouve le motel s'il vous plait ? Me le dessiner, écrire, je sais pas, mais bon. » Il semble mal à l'aise ou gêné et elle ne peut s'empêcher de rire, un rire léger, doux comme le ciel. La belle brune déchire avec douceur une feuille de son calepin et s'empare du stylo dans sa poche avant de gribouiller rapidement sur le papier. Au bout de quelques secondes, elle cesse, le pousse vers lui et souris, fière. « Et voilà, c'est aussi simple. Vous continuez sur la principale, puis au bout d'un moment vous tournez à gauche, ensuite à droite et puis vous y êtes. » « Merci beaucoup. » Il lève la tête vers elle et ne peut s'empêcher de fondre devant une telle beauté. De longs cheveux bruns ramenés en un chignon, de grands yeux bruns qui tournent légèrement au vert et ce sourire, cette douceur qui se lit sur son visage, elle est si belle, magnifique. « Dites, je peux vous demander autre chose ? » Les joues rosés, il se lève pour être la hauteur de la jeune femme et se gratte la tête, cherchant les mots justes. « Vous croyez que je pourrais avoir un numéro pour vous rejoindre, vous savez si je me perds ou quelque chose comme ça, vous pourriez m'aider, non ? » Il sait très bien qu'il ne se perdra pas et elle aussi d'ailleurs, mais son excuse est tellement ridicule, qu'elle accepte, d'un hochement de tête. Attrapant le même bout de papier ainsi que le stylo, elle écris à la vitesse de l'éclair un numéro ainsi qu'un prénom, Iris. La belle Iris dit-on.

« T'es quand même un drôle de spécimen Iris. » La jolie roule des yeux avant de porter sa cigarette au coin de ses lèvres. « Et en plus tu ruine carrément ta santé avec cette merde, t'as un problème toi, c'est clair. » Amusée, la jeune femme rigole avant de donner une poussée au brun assis à coté d'elle. « Pourquoi je suis un drôle de spécimen ? » Doucement elle s'approche de lui, puis lui crache la fumée de sa clope au visage avant de rigoler d'un ton doux et léger. « Je sais pas. Une journée t'es genre super gentille et l'autre d'après, t'es froide et distante. Comme si t'avais peur d'un truc et j'arrive pas mettre le doigt sur ce que c'est. » Il s'arrête soudainement de parler et plante son regard dans celui de la belle. « Parfois, j'arrive plus à te suivre et ça me tue. » « Embrasses-moi. » Le jeune homme hausse un sourcil et la toise d'un regard intrigué avant de passer une main dans ses cheveux. « Quoi ? » « Tais-toi et embrasses-moi. » Avec douceur, elle dépose ses mains contre son visage et s'approche calmement avant de déposer ses lèvres contre celles du jeune homme. « Je t'aime Iris. » Tout chamboule, avec cette fois beaucoup plus de raideur, la brune le pousse et se lève, le regard perdu. « Dégage. » Il se lève à son tour, ne comprenant plus rien. « Tu vas bien m'expliquer ce qui se passe merde ? » « Dégage, c'est tout. » Le regard triste, il capitule et part, loin, elle ne sait où, mais il part. Il va continuer sa route vers nul part, certainement, il ne reviendra pas. Les yeux larmoyants, Iris se laisse lourdement tomber sur le banc. Elle ne peut pas s'attacher à lui, elle ne peut pas éprouver ce genre de sentiments, elle ne veut pas et pourtant ..

ah, et bien je vais changer pour une autre, merci beaucoup.

han merci beaucoup pour cet accueil, fiche terminée.