« Je vais me marier Bay. » Bay se retournait subitement vers lui, espérant au fond n’avoir pas entendu cette maudite phrase. « Quoi ? » Elle avait bien entendu seulement elle voulais qu’il le répète afin d’être sûre. « Je vais me marier. » Elle n’aurait jamais cru à l’époque qu’une seule petite phrase puisse la faire perdre pied mais ça a été le cas. Elle l’observait lui et son maudit regard qui pouvait la faire plier en quelques secondes. Mais elle savais que tôt ou tard cela allait arriver. Après tout il connaissait cette fille depuis presque un an maintenant. Simplement elle n’aurait jamais pensé une chose pareille possible. Secouée mais ne tenant pas à gâcher le moment présent, elle sautait dans ses bras non parce qu’elle était contente mais parce qu’elle ne voulait pas montrer à quel point elle lui en voulait. « Félicitations, je suis tellement contente pour toi ! » Elle fut surprise de voir que qu’elle arrivait à mettre de l’enthousiasme là où il n’y en avait pas. Mais il ne fut pas dupe et comme si il soupçonnait quelque chose, il la repoussa doucement avant de la jauger plus attentivement. « Tu es sûre ? Je sais que c’est soudain mais je l’aime et elle aussi. J’ai longtemps galéré pour trouver une femme comme elle Bay et je ne peux pas la laisser s’en aller comme ça. » Elle ne comprenait pas pourquoi il tenait à parler de ça avec elle surtout maintenant. Elle savait bien qu’il l’aimait et c’était tout à fait normal, elle était géniale cette fille et même moi je ne pouvais le nier. « Je sais Ben. Et je te jure que t’a pas besoin de te justifier, vous vous aimez, tu la demandes en mariage…j’aurais juste aimé que tu me préviennes au sujet de ta demande. J’aurais pu t’aider. » Bon c’était un gros mensonge parce qu’elle n’aurait pas franchement apprécié de l’aider mais elle l’aurait fait parce qu’elle veut ce qu’il y a de mieux pour lui. « Je suis désolé de ne pas t’avoir prévenu mais sincèrement ça n’était pas prémédité. C’est arrivé comme ça, peut être maladroitement mais c’est arrivé et elle a dit oui. » Il haussa les épaules et lui offrit le sourire en coin qu’elle aimait tant. Au fond d’elle, elle n’aurait jamais imaginé que ça puisse se passer de cette façon. Mais elle avait passé son tour, elle l’avait laissé partir et elle n’avait aucun droit sur lui maintenant, il était grand. Simplement, cela faisait deux mauvaises nouvelles le même jour puisqu’après divers diagnostics, elle avait appris qu’elle souffrait de la maladie de Parkinson. C’était un peu trop d’un coup pour elle mais bizarrement la nouvelle du mariage prochain était plus dure à avaler que sa maladie. Cette dernière, elle s’en doutait depuis longtemps même si elle n’en n’avait jamais parlé à personne. « Ben, je dois te dire quelque… » mais je ne l’entendait déjà plus. Anna était là sur le seuil de mon appartement. Il devait l’avoir inviter histoire qu’elle voit ma réaction. Bay se sentit étrangement seule tout d’un coup comme si elle n’avait jamais vraiment eu quelqu’un sur qui compter. « Anne ! Mes félicitations ! J’imagine que tu dois être tout excitée ! » Elle lui sourit avenante et la serra dans ses bras. La dite Anne lui sourit elle aussi sans oublier de l’expliquer très précisément comment la demande en mariage s’était passée. « …. Et avec Ben, nous nous demandions si tu ne voudrais pas être son témoin. » Je n’avais pas écouté totalement le récit mais cette dernière phrase je l’avais bien entendue. « Ce ne sont pas les hommes qui font cela ? » Bay ne savait plus trop. « Si mais tu es la meilleure amie de Ben et il veut vraiment que ce soit toi, n’est-ce pas Ben ? » Celui-ci répondit par l’affirmative et lui sourit. « D’accord, pour Ben. » Je ne savais pas sur le moment à quoi cela signifiait mais au fil du temps j’ai compris que j’avais fait une erreur, une redoutable erreur. Je n’ai pas pu tenir ce rôle car j’ai quitté la ville le jour du mariage. J’ignore encore ce qui est advenu pour Ben, je lui ai simplement laissé une lettre en lui expliquant mon départ et en lui avouant ma maladie, quelque chose que je n’avais encore jamais fais.

○

Ben,

J’ai longtemps hésité à t’écrire cette lettre parce que je savais qu’à partir du moment où tu la lirais tu m’en voudrais à mort. Je suis désolée, tu sais, j’ai essayé d’être comme toi, de vivre ma vie, mais je n’ai pas réussi. Mais j’ai compris que t’avais avancé et quand j’ai su que t’allais te marier, je me suis demandé ce que je fichais là toute seule, à attendre que l’amour vienne à moi. Mais tu sais Ben que même si je t’ai souvent crié dessus quand on était ensemble et que même si je t’ai quitté, je n’ai jamais cessé de t’aimer. Jamais. C’est quelque chose que je n’ai jamais pu t’avouer parce que je savais très bien que toi de ton côté tu étais passé à autre chose. Tu avais une petite amie qui deviendra bientôt ta future femme…je ne voulais pas être encore celle qui détruit tout sur son passage. Tu sais, je veux vraiment que tu sois heureux avec Anna. Que tu fasses de beaux enfants et que tu finisses ta vie dans une belle maison à la campagne comme tu me l’a toujours dis. De mon côté, j’aimerais t’avouer quelque chose, quelque chose que j’ai maintes fois essayé de te dire et qui me fait peur, vraiment peur. Je suis atteinte de la maladie de Parkinson, Ben. C’est une maladie grave qui affecte le système nerveux et qui provoque des troubles moteurs. Je tenais à te le dire parce que tu es le seul sur qui je puisse compter. Mais s’il te plait, ne t’inquiète pas pour moi d’accord ? Tout va bien se passer. A l’heure où tu me lis je serais sûrement sur la route et toi tu seras peut-être déjà marié mais sache que je ne t’oublierais jamais, Ben. Simplement, j’ai besoin de m’en aller parce que je n’arriverais jamais à supporter le fait de te voir avec Anna tous les jours. C’est au-dessus de mes forces. Et puis j’ai besoin de réfléchir et de penser un peu à moi aussi. La maladie change une personne, tu le sais bien. J’ai honte de ne pas te dire tout cela en face mais sache que je t’aime et que je t’aimerais toujours.

Bay.