« ce qui compte, ce ne sont pas les coups que l'on donne mais, ceux que l'on reçoit et auxquels on résiste pour aller de l'avant. » randy PAUSCH

« Lutte ! Rallume cette lumière qui s'est éteinte. Dylan Thomas. » Je regardais rapidement la foule qui se trouvait en face de moi avant de reprendre mes fiches. « Voilà ce que vous aurez dit ma mère si elle vous voyait maintenant. Ceux qui la connaissent bien savent qu'elle était une femme souriante prête à donner tout ce qu'elle avait. Elle ne souhaiterait pas nous voir triste et encore moins pleurer, non elle aurait ajouté quelque chose comme : « c'est le vie, ça arrive. Toi tu es toujours là, alors honore cette vie perdue en vivant la tienne pleinement car, il n'y a que ça que tu puisses faire. » Et elle a raison, il n'y a malheureusement aucun moyen de la faire revenir parmi nous. Alors honorez-là s'il vous plaît. Comme elle l'aurait souhaité. » Souriant brièvement, j'observais ce cercueil en face de moi. Elle aurait voulu que l'on sourit mais, comment sourire quand la personne pour qui vous auriez donné votre vie se trouve dans un cercueil qui finira en terre. Je sortis rapidement le dernier dessin que j'avais fait d'elle et le déposa sur la boîte noire alors que les gens venaient déposer des roses dessus. Ses fleurs préféraient étaient les pivoines et non les roses mais, il ne servait à rien d'en faire la remarque. Toute la ville était là, tout Santa Rose mais, cela n'était point étonnant. Tout le monde connaît tout le monde, c'est une petite communauté. Et cette communauté venait de perdre un de ses membres. Toute la ville était en deuil. Au bout de quelques minutes, ne supportant plus ce spectacle funeste, je m'éclipsa pour me rendre à Blue Hole. Le plus dur fut de ne pas pleurer, tout mon corps ne réclamant que ça. Cependant ma mère avait raison, pleurer ne la ramènerait pas, rien ne le pourrait alors je devais continuer à vivre car, comment mieux honorer la mémoire d'un mort qu'en faisant ce qu'il aurait souhaité que vous faisiez ?

Une bouteille de bière à la main, j'attrapais le pinceau et fixa le mur en face de moi. M'appliquant, j'écrivis cette fameuse phrase de Dylan Thomas. Après plusieurs minutes de travail, je m'éloigna pour observer le résultat. Mon appartement était assez peu commun, je l'avais personnalisé pour faire en sorte qu'il soit mon endroit à moi, pour avoir un endroit où m'échapper lorsque je ne pouvais plus supporter cette ville. Une partie de ma chambre représentait Paris et la Tour Eiffel de nuit, il avait fallu plusieurs jours de travail acharné pour faire cette fresque mais, j'étais fier du résultat. Le salon lui était remplit de phrase d'auteur que j'aimais, lorsque je partirais il faudrait que je repeigne tous les murs en blanc, seulement pour l'instant j'étais bien coincé ici. En attendant, cela faisait trois semaines que ma mère avait rejoint les noirceurs de la terre, et la vie devait continuée, je n'étais plus triste car, ma mère m'avait élevé en essayant de voir les choses du côté positif comme elle l'avait toujours fait. La vie n'est pas noire ou blanche, elle est grise, teintée de différent gris et il faut toujours voir le plus clair d'entre tous. Rangeant rapidement mes affaires, je ne pris même pas le temps de me changer et partit chez Bernie's food, c'était mon premier jour de travail là-bas, vingt et un an tout juste acquis, et me voilà serveur dans un diner minable. Heureusement, j'avais bientôt fini mes études de droit, dans un an il me suffirait juste d'économiser assez d'argent pour pouvoir partir.

« il faut avoir un chaos en soi pour accoucher d'une étoile qui danse. » NIETZSCHE

Attrapant rapidement une cigarette, je l'allumais pour profiter de ce moment de libération, j'avais fini mon service de la matinée, j'avais eu droit à un bon repas gratuit .. Enfin pas si bon mais, c'est toujours mieux que ma nourriture brûlée. Et maintenant j'allais me rendre à la bibliothèque pour pouvoir profiter d'un bon bouquin, parfois la vie pouvait être sympa tout de même. Certes j'aurais dû quitter Santa Rosa il y a trois ans déjà mais, l'argent n'avait jamais atteint la quantité suffisante pour pouvoir partir. Enfin, d'ici quelques mois, non c'est vrai, d'ici quelques années ça devrait être bon. Déambulant dans les rues de la ville, je passai rapidement devant l'office de police au cas où mon père serait sur le point de sortir et me dirigea vers la librairie juste à côté. Ce n'est pas que je ne l'aime pas mais, je l'aime en petite quantité et puis je devais le voir le lendemain. Finissant ma cigarette, je l'éteignis et plaça le mégot dans ma poche, bah oui pour la jeter à la poubelle et non dans la rue. Je saluai la libraire, Santa Rosa est une petite ville, tout le monde se connaît. Puis, je me dirigeai vers la lettre R, je connaissais cette librairie par coeur, je pris le livre de Richardson et commença à me diriger vers la libraire pour lui payer. Seulement alors que j'allais sortir mon porte-monnaie, une jeune femme blonde entra dans la librairie et se dirigea directement vers les étagères, sans même un regard vers là où se trouvait les seules âmes vivantes de cette boutique. L'observant de loin je me dis qu'il était plutôt inhabituel de voir une fille comme ça ici. Non pas que les gens de Santa Rosa soient moches. Non non, ce n'est absolument pas ce que je voulais dire. Mais, déjà rien que le fait que quelqu'un d'en dehors de la ville vienne ici était inhabituel. Payant tout de même le livre, je me dirigeais ensuite vers la jeune femme qui semblait désespérément chercher un livre. « Et mince ! Il n'est plus là ! » se fit entendre dans la petite librairie, arrivant à sa hauteur je lui lançai un sourire bien inutile puisqu'elle était retournée. « Vous cherchez ? » Connaissant la boutique, j'aurais pu l'aider c'est vrai mais, c'était plus par curiosité que je le demandais. Comme je vous l'ai dit, des gens dans cette librairie c'est rare. « Hmm .. Le nouveau livre de Richardson. » Me retenant de rire, je répondis. « Désolé, mais quelqu'un l'a déjà prit. » Bon ce quelqu'un était moi mais, elle n'avait pas réellement besoin de le savoir pour l'instant. « Et je peux savoir qui ? » Souriant, je lui montrais le livre que je tenais à la main. « Moi, en fait. » Cependant elle ne semblait pas aussi joyeux que moi, ou je devais ressembler à un psychopathe parce qu'elle ne dit rien et se dirigea tout simplement vers la sortie. J'avais dû manquer quelque chose là. « Attends, si tu veux on peut le partager. » Oui, bon il n'est pas poli de tutoyer quelqu'un qu'on ne connait pas mais, il n'y a également rien de mieux pour retenir ce quelqu'un. Cela marcha d'ailleurs. Il fallut d'ailleurs plusieurs tentatives après qu'elle soit revenue pour que j'arrive à la faire accepter un café. Allez savoir pourquoi mais, je sentais que cette jeune femme portant le doux prénom de Maelys allait être pleine de surprise et je ne fus pas déçu