« close your eyes and you’ll see gold in your pain »

Pierce "Billy" Cartwight & Clyde J. Bowen

« Toute fonction définie et continue sur un intervalle a;b admet une intégrale entre a et b. On dit alors que la fonction f est intégrable sur a;b » Sur ces mots, la sonnerie stridente du petit lycée de Santa Rosa retentie. Clyde ne pu ajouter le moindre mot que les élèves avaient déjà ranger leurs affaires de peur d’être assommé par une nouvelle propriété mathématiques juste avant de finir les cours. La classe se vida petit à petit jusqu’à ce qu’il se retrouve seul. Un soupire s’échappa de ses lèvres, il ne se souvenait pas que lui à son époque, les élèves sortaient aussi vite de la classe, en tout cas, pas lui, il était souvent le dernier, il avait toujours des questions à poser au professeur à la fin de l’heure juste pour assouvir sa soif de connaissance. Il était définitivement un pauvre type complètement hors du commun. Tant pis avec les années il avait fini par accepter d’avoir toujours l’air d’être un extraterrestre. Dans un sens, que les élèves partent aussi vite, ça lui permettait au moins de pouvoir rentrer assez tôt chez lui, il n’avait pas tant à se plaindre. Il passa rapidement la brosse sur le tableau, effaçant ainsi tous les calculs dont il était recouvert. Des calculs qui devaient sans doute ressembler à du chinois pour pas mal d’élèves du lycée, à croire que les esprits mathématiques se perdaient au cours du temps, à croire que ce n’était pas normal de voir dans les mathématiques quelque chose de clair quand plus de la moitié de la population n’y voit que des choses entremêlées n’ayant aucun sens. À force, il arrivait presque à croire que s’il n’arrivait pas à entretenir une relation amoureuse avec une femme c’était parce qu’elles prenaient la fuite dès qu’elles apprenaient qu’il aimait les mathématiques, c’est-à dire, à peine quelques minutes après leur rencontre au moment où il annonçait qu’il était prof de maths. C’était sans doute plus facile pour lui de justifier ainsi le fait qu’il soit célibataire depuis longtemps, très longtemps même. Ça lui évitait de repenser à la vraie raison de son long célibat, c’est-à-dire son ex-petite amie dont il était fou amoureux qui l’avait laissé tomber du jour au lendemain sans rien dire. Elle était là le matin, normale, juste elle-même. Et le soir, elle avait disparue de la surface du globe, il aurait sans doute pu la croire morte quelque part mais bizarrement le fait que ses affaires aient elles aussi disparues de l’appartement semblait contrecarrer l’hypothèse du meurtre ou de l’enlèvement. Il lui avait fallu peu de temps pour comprendre qu’elle s’était juste barrée, sans rien lui dire, sans même laisser un mot, comme s’il n’avait jamais compté pour elle. Elle était son premier amour et aussi celle qui lui avait fait comprendre que l’amour c’était bidon et qu’il était bien plus heureux avec les chiffres qu’avec une femme, au moins eux, ils n’ont pas tendance à se barrer sans rien dire pour aller Dieu seul sait où. Évidemment, en ayant une vision des choses comme celle de Clyde, on ne devait pas se plaindre d’être considéré comme un alien, alors il avait fini par s’habitué à être considéré comme tel. Quoi qu’il en soit, le jeune homme ramassa ses affaires éparpillées sur son bureau, avoir un QI frôlant le double de la moyenne ne l’avait jamais aidé à ne pas être bordélique, il avait un esprit organisé certes, mais ça ne se ressentait pas sur sa façon de ranger les choses, si tant est qu’on puisse utiliser le verbe ranger dans le cas de Clyde.

Une fois son bordel remis dans son sac, la salle de cours fermée, il pouvait retourner chez lui, un soulagement pour lui comme pour tous ceux quittant le boulot, bien que lui contrairement à beaucoup d’autres gens il ne savait pas ce qu’il allait faire de sa soirée. De toute évidence, les émissions qui passaient à la télé ce soir étaient encore débiles, comme celles de la veille et de l’avant-veille. Il n’avait ni copies à corriger, ni cours à préparer, tout ça était déjà fait depuis quelques jours déjà. En plus il n’avait pas de petite amie ou de femme et encore moins d’enfants alors il ne pouvait pas non plus profiter de sa vie de famille. Il aurait pu aller voir sa sœur ce soir, comme il le faisait souvent, mais elle lui avait dit qu’elle avait déjà quelque chose de prévu, alors ainsi soit-il. La seule personne qu’il avait en ce moment c’était Billy. Au fond, il ne la connaissait pas du tout, c’était une parfaite inconnue qui vivait chez lui depuis peu de temps. On aurait pu penser à une collocation improvisée mais même pas. Il avait rencontré la jeune femme un jour orageux et plutôt que de la laisser sous la pluie, il l’avait héberger chez lui. Il n’avait aucune difficulté à penser que tous les êtres humains étaient dotés d’une bonté naturelle et que la vie en société pouvait modifié ça, les rendre plus ou moins bon, par conséquent, il voyait d’abord le bien dans les gens, ce qui lui avait causé bien des problèmes dans sa vie, et pourtant il ne changeait pas de point de vu. C’est pourquoi il avait accueilli chez lui cette jeune femme qu’il ne connaissait pas, lui proposant l’asile tant qu’elle en aurait besoin. Peut-être qu’il avait eu tord, enfin pour le moment il n’en avait pas l’impression et il avait une chambre d’amis alors autant qu’elle serve à quelqu’un. En plus la présence de Billy faisait de la compagnie à Clyde et rendait ses soirées un peu moins monotones, déjà s’ils décidaient tous les deux de se mettre en cuisine, ça pouvait devenir très mouvementé mais aussi assez dangereux alors il valait mieux être raisonnable et laisser tomber la cuisine. Il ne savait pas combien de temps Billy resterait à Santa Rosa, mais une chose était sûr, il espérait qu’elle ne partirait pas sans rien dire, elle. Il ne pourrait certainement pas la retenir, il n’avait sans doute même pas le droit d’essayer, après tout, même s’ils vivaient ensemble depuis peu, ils n’avaient pas élevé les cochons ensemble ! Cela dit, il pourrait au moins la remercier d’avoir mit fin à sa solitude. Après quelques minutes de marche depuis le lycée de Santa Rosa, le jeune homme arriva enfin jusqu’à son appartement. « Je suis rentré ! » Il se surprenait parfois à prononcer des phrases qu’il jugeait comme débiles quand il les entendaient prononcées, il allait falloir qu’il arrête de regarder la télévision. Il déposa sa veste sur le porte manteau, laissa son sac dans l’entrée avant de partir à la recherche de sa nouvelle colocataire.

Spoiler:

« close your eyes and you’ll see gold in your pain »

Pierce "Billy" Cartwight & Clyde J. Bowen

Il y avait un tas de choses qui pouvaient faire plaisir à un célibataire endurci ayant plus d’affinité avec les mathématiques ou la physique qu’avec les autres êtres humains, ou même avec les animaux d’ailleurs. En l’occurrence, ne pas avoir à cuisiner faisait parti des choses qu’un type comme Clyde appréciait après avoir passer toute une journée à faire des cours à des classes dont la moitié des élèves considèrent avoir mieux à faire que d’écouter. La jeunesse vraiment ! Clyde avait trouvé bien des feintes pour ne pas avoir à cuisiner après le boulot, que ce soit maintenant qu’il était prof de maths ou avant quand il était scientifique, il avait cette fâcheuse habitude de passer à la pizzeria ou au restaurant chinois acheter des trucs tout préparé et les fois ou il lui restait encore un peu de courage et qu’il n’avait pas peur de prendre des risques, il faisait des pâtes plus ou moins réussis ou alors il mettait des plats surgelés au four ou au micro-ondes. Cela dit c’était quand même assez compliqué, le temps de cuissons n’était jamais bon, soit pas assez cuit, soit trop cuit, enfin bref, Clyde était une catastrophe ambulante quand il s’agissait de cuisiner. Pourtant, ça n’aurait pas du être plus dur qu’une expérience en chimie, il suffisait de mélanger des produits et de les faire chauffer un certain temps. Bizarrement, la chimie ça passait très bien mais pas la cuisine, au fond, c’était peut-être parce qu’en principe il n’avait pas besoin de gouter les préparations chimique alors que la cuisine, la manger c’était quand même le but. Il avait longtemps cru être le seul être humain au monde à être aussi nul en cuisine que ça, il avait toujours cru que les gens normaux réussissait au moins les pâtes ou les plats préparés et puis, il avait croisé la route de Billy. Elle avait le même problème que lui avec la cuisine, pour une raison qu’ils ignoraient tous les deux, dès qu’ils se mettaient en cuisine, ils finissaient avec un truc quasiment imbouffable. Évidemment, ce n’était pas juste parce qu’ils avaient ce point commun qu’il avait décidé d’héberger la jeune femme chez lui, de toute évidence, quand il l’avait croisée sous la pluie, il n’avait pas penser à lui demander si elle savait cuisiner avant de lui dire de venir chez lui pour ne pas qu’elle reste sous la pluie. Il l’avait accueillie juste parce qu’il était trop gentil avec les gens autour de lui. Un sale défaut qu’il avait toujours eu et qu’il aurait toujours. Cela dit, il y avait des fois où il ne regrettait pas d’avoir était trop gentil avec les gens, après tout Billy n’était pas encore partie en volant tout les objets de valeur qu’il possédait, de toute façon elle ne trouverait pas grand-chose, sa télé était une antiquité tout comme son téléphone portable, il n’avait pas de bijoux et n’avait chez lui pratiquement que des bouquins et un ordinateur portable qui lui par contre pouvait avoir de la valeur mais bon. Elle n’avait pas non plus essayé de le tuer pendant son sommeil ce qui était déjà assez rassurant. Bref, tout ça pour dire que pour l’instant il ne se méfiait pas de sa colocataire au contraire, au moins sa présence lui évitait de passer ses journées à faire la liste des choses qui faisaient que sa vie était un brin merdique et qu’il n’arrivait pas à se débarrasser des fantômes de son passé.

Ce soir, en rentrant du boulot, Clyde avait rejoint sa nouvelle dans la cuisine ou elle lui annonça avoir préparé le repas. Forcément, vu ce qui a était dit précédemment, il fut un peu surpris de la nouvelle. D’autant plus que la cuisine avait l’air intact, elle n’avait pas implosée, elle n’avait pas brûlée enfin bref, elle était dans le même état que lorsque qu’il était partit le matin même. C’était assez surprenant. Surprise qui pouvait se deviner facilement grâce à ses yeux écarquillés et le soudain mutisme dans lequel il était plongé. Billy aurait-elle mentie sur ses capacités de cuisinière ? Un sourire apparu sur les lèvres du jeune homme quand elle agita la boite du plat surgelé qu’elle s’était contentait d’enfourner. C’était déjà aux yeux de Clyde un effort considérable, lui a chaque fois qu’il faisait ça après il était en pleine panique pour savoir quand est-ce qu’il pourrait ressortir le plat du four pour qu’il soit mangeable et bizarrement il le sortait toujours soit trop tôt soit trop tard à croire qu’il avait un sérieux problème à ce niveau là. « Je t’admire, maintenant, le niveau supérieur, avoir la bonne cuisson, parce que même quand on laisse le temps que c’est indiqué sur la boite, j’ai l’impression que c’est jamais assez ou alors c’est beaucoup trop, il doit y avoir une astuce dans le temps de cuisson que je n’ai pas encore trouvée. » il y avait peut-être un calcul à effectué du genre multiplié le temps de cuisson par le volume du plat ou alors par un coefficient précis qui permettrait que le dessous soit aussi cuit que le dessus ou un truc du genre. Enfin, il devait sans doute chercher trop compliqué pour pas grand-chose, mais le jour où il découvrirait enfin le secret des plats préparés, sa vie changerait sans doute. « Cela dit, merci de t’en être occupée, ça faisait des années que j’étais pas rentré chez moi en entendait que la cuisine était faite. Faut dire aussi que ça fait des années que je vis tout seul alors forcément ça aide pas » Forcément, à moins que la cuisine ait une soudaine envie de se préparer toute seule, ce qui arrangerait fortement Clyde, quand il vivait seul rien ne pouvait être prêt à son retour. Et oui, un monde où la magie existerait serait vraiment bénéfique pour Clyde, malheureusement pour lui et pour un tas d’autres personnes vivant sur la planète Terre, les baguettes magiques, les balais volants et la très chère école de Poudlard n’existent pas encore, alors ils devaient se contenter de vivre comme les humains normaux qu’ils étaient et ne pas prier pour que des choses impossibles arrivent, dommage. Clyde n’avait plus qu’à espérait qu’un jour la science invente le robot qui ferait la cuisine pendant qu’on sera au boulot, et le ménage pendant qu’il y’est ! Enfin bref, dans quelques dizaines d’années peut-être, quand Clyde sera déjà retraité ou peut-être mort, ce genre de chose sera peut-être sur le marché !

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